Amarok Donoma;
Philosophie historienne
Faculté de River Crow.
Thème : " Est-ce que l'histoire de l'homme fait votre propre histoire ? "
Je suis né dans le Nord Est de l'Oklahoma, en plein cœur de la dernière réserve Cherokienne qui puisse exciter sur les terres de nos ancêtres. Mon histoire, ma culture, c'est aussi celle de mon peuple. Un peuple qui fut bannit, massacré par les blancs et leurs envies de conquête. Un peuple qui est né ici, en Amérique, mais qui pourtant, ni a jamais eu sa place depuis les colons. Les réserves. Est-ce vraiment humain que de vivre parquer au XXIem siècle ? J'ai le droit d'en douter ? Pourtant c'était ma vie. C'était mon chez-moi. Ma maison. Et putain qu'est-ce que je l'aimais.
Je suis né le 23 Mars 2023, en pleine nuit. Un soir de pleine lune. Cheyenne, la louve de ma mère était restée à ses côtés durant tout l'accouchement. Chez nous, on évite d'user la péridural. Car la souffrance n'est pas un mal. Non, la souffrance est une fierté. Elle nous rappelle que l'on est vivant. Et la vie, on la chérie. On la vit à fond. C'est un cadeau de la nature. Et on se doit de la respecter autant qu'elle. La vie, même quand elle est pourrie dans le fond on doit se battre pour en être fier. Etre fier de sois, et rendre honneur à sa famille. C'est sacré ça, chez-nous... Chez-nous... Chez-moi...
Amarok. C'est le nom que l'on ma donné. Dans notre langue cela signifie Loup. Loup, pour être né lors de la pleine lune, au son de leur hurlement. A peine sorti du ventre de ma mère, on m'imaginait déjà un avenir. On me savait fort. On me savait combattant. C'était ma destiné. Une destiné que l'on se doit de respecter. J'ai toujours été fier de mes origines. De toutes ces choses que l'on m'enseignait dès mon plus jeune âge. Ces explications sur le pourquoi du comment on vivait là, dans une réserve, et non pas avec les autres. Dès mon plus jeune âge, j'ai appris l'art de la persécution. Ca n'avait pas grand intérêt pour mes yeux d'enfants, mais je savais, je comprenais surtout une chose. Que l'homme pouvait parfois se montrer cruel.
On nous jugeait souvent de barbare. Pour nos danses, nos coutumes. Nous souvent représenté par des hommes vêtu de plumes. Mais ce n'est pas parce que l'on ne porte plus de plumes justement que l'on a renies tout le savoir de nos ancêtres. Non. On bénit la terre. Les animaux. On en prend soin car c'est à elle que l'on doit la vie. Et à personne d'autre. C'est aussi simple que ça. Et ces choses, je les ai toujours pensés. Tout comme les gens de mon peuple. Nous, les « peaux rouge » comme on nous appelait. Tout ça pourquoi ? Parce que l'on faisait soit disant couler le sang ? Parce que les Sioux ont inventé l'art du scalpe ? Seulement les européens savent-ils eux, que nous autres, peuple Cherokee, avons toujours été un peuple pacifiste ? Le savent-ils ? Tous ces gens qui nous ont pourrie l'existence. Même en plein cœur du XXIem siècle. J'en doute. L'homme est inculte. Et le restera s'il ne possède pas l'art du savoir. Et de la sagesse.
Je suis né, et j'ai grandis dans la réserve. Petit j'allais même à l'école ici. Je ne sortais jamais dehors. Ou très rarement. Dans le fond, nous ne manquions de rien. La crise économique du pays grandissait à vu de nez et je savais qu'on était plus en sécurité ici qu'ailleurs. La journée j'allais en classe, l'après midi on allait s'amuser avec les copains. La vie parfaite pour des enfants. Je suis rapidement devenu bilingue anglais / cherokee. On doit avouer que nous autre aimions beaucoup parler dans notre langue à l'extérieur de la réserve. Ce n'était pas une question de ne pas s'intégrer. C'était surtout une question de culture. Parce qu'il ne faut pas croire. L'Amérique, nous étions là avant les anglais. Avant les français. Avant tout les blancs. Et ça reste chez nous. Tout simplement. On avait beau penser le contraire, on avait beau être le peuple à éradiquer, c'était chez-nous point.
Quand je parle on peut penser que je suis le parfait petit patriote. Et je le suis sans doute un peu. Mais de toute manière, quelle importance ? Ici, ailleurs. Là, là-bas. Le monde est complètement pourri et je le sais maintenant. C'est inévitable. Les gens veulent le pouvoir. L'argent. Quitte à détruire des civilisations entière tel que la mienne. A l'époque des colons, oui, nous étions en retard sur beaucoup de choses. Mais le fait est que ça nous aller très bien. On était heureux. En guerre avec les autres peuple, mais ce n'était pas l'affaire des blancs. Si je raconte tout ça c'est parce qu'en réalité, les massacre que nous avions connu jadis ont recommencé. Y'a pas si longtemps que ça. Mais j'y reviendrais plus tard. Chaque chose en son temps. Si aujourd'hui j'écris ce devoir de philosophie sur ma culture et sur ma propre expérience c'est surtout pour que vous, les blancs, vous qui aller corriger mes écris comprenez enfin une chose. Le sang qui coule dans mes veines est rouge. Tout comme le votre. Et mon histoire, c'est aussi celle de mon peuple. Alors oui, je le pense, l'histoire des homme fait notre propre histoire.
Aujourd'hui on m'a demandé qui j'étais. D'où je venais. Pourquoi j'avais quitté tout ça alors que j'aimais ma vie là-bas. Parce que rien n'est vraiment simple. Et que parfois on est obligé de faire des choix. Pour sauver sa peau surtout. J'ai donc grandis dans la peur, tout en le reniant. Un peu comme mon peuple. Quand je sortais de la réserve ce n'était jamais sans un adulte. Sans mon père, sans ma mère, mon grand-père. Mais jamais tout seul. Je suis né à une époque ou plus d'un américain sur deux sortais armée. Ce n'était pas étonnant de voir dans le journal qu'un homme de couleur venait de se faire tuer, pour ne pas dire abattre par un avocat, un médecin, ou tout simplement, un blanc. Nous vivions dans la peur constante. L'Oklahoma ainsi que le Texas étaient deux des Etats les plus racistes du pays. Les Mexicains étaient ramenés chez eux. Les autorisations de territoire devenaient de plus en plus impossibles à avoir. On a vu le taux d'immigration baissé à vu de nez dans l'espoir de remonter l'économie du pays.
Elle remontait à loin l'époque d'Obama. L'époque du président noir Américain. Elle remontait à loin oui, cette époque où les Etats-Unis d'Amérique représentaient l'une des plus grandes puissances mondiales. Parce que la vérité est que le pays a sombré dans la paranoïa la plus total. Nul homme de nos jours ne peut venir nous parler de la seconde guerre mondial. De la façon dont les hommes se sont retrouvés déshumanisés par la simple volonté d'un homme. La volonté du notre porte le nom de Bower. Le président de cette époque. Je suis né à une période où tout devenait de plus en plus chaotique. Nous restions le seul peuple à peu près bien vu si on veut. Parce que justement, nous étions chez-nous. Mais en réalité nous n'allions pas tarder à connaitre les même atrocités que le peuple juif lors de la guerre 39 / 45. Cela pourrait en surprendre bien des hommes. Mon grand-père le prenait à la dérision. Il nous disait que les années 80 n'avaient pas été si mal que ça tout compte fait. Mais en fait, il avait peur. Tout simplement.
Si j'ai pu aller à l'école primaire dans la réserve ce ne fut pas le cas du collège. Pour la première fois de ma vie j'ai dû me mélanger avec les hommes extérieurs. Je pense que j'étais plus que content de l'idée. J'avais hâte. J'adorais mes voisins, mais dans le fond, je me sentais un peu exclus de la société. Mon anglais était devenu tellement limite dû au fait que je ne parlais que Cherokee avec mes parents et mes amis. Ce qui m'a le plus marqué à mon entré au collège ? C'était de voir les blanc d'un côté, et les autres... De l'autre. Même ensemble on se séparait. J'ai alors sympathisé avec un asiatique du nom de Tao. Ses parents étaient d'origine Chinoises, enfin japonnais. C'était compliqué je crois. Lui, il était né ici. Il était donc Américain. C'est tout ce qu'il faut retenir. A se souvenir de ce nom. L'histoire de Tao fait peur et nous en dit long sur les mentalités actuelles au Etats-Unis. Au collège je n'étais pas un mauvais élève. J'aimais aller à l'école. J'aimais apprendre. Surtout l'histoire. C'est devenu pour moi une vraie passion. Je pensais que l'histoire permettait d'apprendre à l'homme de ses erreurs. J'avais tellement faux sur cette question.
A cette époque là j'étais un garçon plutôt timide. Souvent dans mon coin, je ne parlais qu'à très peu de gens. Uniquement à Tao et mes amis de la réserve. Des amis que j'ai vu quitté les bancs de l'école petit à petit pour aller travailler avec leur père. Sois disant par obligation. Moi je pense que c'était surtout par envie de se terrer dans leur bulle. La première fois que j'ai compris que la situation faisait peur c'était quand j'ai écouté à la radio locale que le langage Cherokee était interdit hors de la réserve. Et qu'on pouvait se voir recevoir une belle amande de 250 dollars si on se faisait prendre à le parler. Je ne sais pas comment appeler ça, si ce n'est que de la censure. Grand naïf je me disais que ce n'était qu'une lubie et que ça aller leur passer. Mais si seulement j'avais su. On autorisa pour unique langue l'anglais hors des quartiers étrangers. Le reste ? J'ai vu un homme se faire tabassé pour avoir parlé Espagnole. De quoi en dégoûter plus d'un homme. Et le pire était à venir. Le pire, il avait été préparé depuis bien avant ma naissance même.
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« Amarok ! A table ! » La voix de ma mère résonne dans notre nouvel appartement de River Crow. Me frottant les yeux avant de fermer l'ordinateur, je soupire. Je suis complètement hors sujet, et je sais que ma note sera médiocre. Mais j'ai besoin de parler. J'ai besoin de raconter mon histoire, de faire comprendre à l'humanité que les Etats-Unis ce n'est plus ce que c'était. Et que les services secrets veillent bien à garder toutes leurs horreurs rien que pour eux. Personne ne pourra plus venir nous aider, parce qu'en réalité personne n'est au courant de tout ça. Mon regard vient furtivement se poser sur la photo de Tao et moi qui se trouve sur mon bureau. Mon ami me manque. Terriblement. Je lui avais promis de ne jamais souffrir de sa disparition. De me battre pour nous. Mais je crois que je n'y arrive pas. Je lui en veux tellement d'avoir fait ce qu'il a fait. J'en veux à mes parents, à ma mère, de m'avoir ordonné de me taire. J'en veux à la terre entière. Je veux qu'il revienne. Mais je sais que c'est impossible. Dans un geste las je viens m'attacher les cheveux en soupirant. L'Irlande. C'est là où je me trouve désormais. On est parti pour un monde meilleur. C'était ce qui était annoncé sur le papier. Mais la perte de Tao me laisse un goût amer. La perte de mon pays, de mes amis, de ma vie. Je déteste cette ville. Que oui... Je déteste cette ville.
« Amarok, mais qu'est-ce que tu fais, ça fait dix minutes qu'on t'attend.» Ma mère finit par rentrer dans ma chambre. Elle non plus elle n'est pas heureuse ici, suffit de voir les poches sous ses yeux.
« Je bossais c'est tout. Mangez sans moi, je n'ai pas faim.» Je lui réponds, venant me frotter les yeux. J'étais sur le point de pleurer.
« Ton père veut nous parler chéri. Je t'en prie. Arrête de nous en vouloir. On a fait ça pour te protéger.»« Me protéger ? Tu parles de quitter Tulsa et la réserve ou de la mort de Tao ? Non parce que si voir mon ami agoniser derrières une vitre pour servir de sois disant putain d'exemple c'était pour me protéger, excuses-moi, mais ça, je ne pourrais jamais vous le pardonner.» Je me relève, plus énervé que jamais. Ca fait trop mal de repenser à ça.
« Amarok, essaye de nous comprendre.» Ca y est. Ma mère pleure.
« Je l'aimais Maman. Et il s'est sacrifié pour moi. Alors toi aussi, essaye de me comprendre. On n'est plus dans la réserve. On est loin, très loin de nos coutumes. Alors oui, je l'aimais. Et je ne suis plus obligé de me cacher.» Je sors de ma chambre croisant le regard inquisiteur de mon père. Mon père. Lui il ne m'en veut pas. Non, je crois que c'est pire. Je crois qu'il a tout simplement honte. Et c'est pire. Vraiment.
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Tulsa, Oklahoma
Mars 2037.
« Bonjour Madame Han Sue. Je viens chercher Tao.» Je souris à la mère de mon ami, ma planche de skate board sous mon bras. Aujourd'hui je fête mon quatorzième anniversaire et c'est avec Tao que j'ai envie de le fêter. Depuis notre sixième on ne se quitte plus. On n'y arrive pas, mais on n'en a surtout pas envie. Mes amis de la réserve m'en veulent pour ça. Ils me disent que je ne devrais pas me mélanger avec les chinois. Que d'aller le chercher tout les jours à China Town c'est dangereux. Mais c'est soit ça, soit rien. Parce que la réserve est impossible d'accès pour les non natifs depuis deux ans maintenant. On se cache. On se protège. C'est de pire en pire. Tellement. La mère de Tao n'a pas besoin de l'appeler. Il m'a entendu, et bien sûre, il est déjà là. Me souriant de sa façon la plus niaise mais moi, ça me fait rire.
« A plus maman.» Il embrasse sa mère, attrapant au passage sa propre board.
« Tu rentre à vingt-deux heures Tao. Si tu rentre après le couvre feu comme la dernière fois on devra encore payer une amande. Et tu sais ce qu'il en est.» Le couvre feu. Ca aussi c'est la nouvelle invention des blancs. Les étrangers n'ont plus le droit de quitter leur quartier après vingt-trois heures timpantes. Ca foutait sois disant le bordel. Et quand je dis étranger, il est évident que je parle aussi des gens de mon peuple.
« Il sera à l'heure madame, je vous le promets.» On riait à cette époque là. On ne faisait que ça. La porte s'est claquée derrière nous et nous voilà déjà parti à la conquête du monde. Les deux inséparables se disputant déjà en chemin pour savoir quel film on allait voir. Tao aimait les fils d'art Martiaux, c'était sa coutume. Et moi ? Les films chiants comme il le disait si bien. Les films d'histoire.
« Aller fais pas chier Bruce Lee, c'est mon anniversaire mec. Sois cool ! La dernière fois c'est toi qu'à choisi le film en plus. S'te plais, S'te plait, s'te plais ! » Je l'ai regardé, lui servant mon joli regard de chien battu. Joignant mes mains comme si je le suppliais. Je voulais aller voir le film sur la conquête des Amérique par les blancs. Un film dont j'ai oublié le nom tant que je n'en n'ai jamais vu la fin...
« Bon d'accord, mais alors tu me prête t'as 3 DS jusqu'à la semaine prochain. Ma mère m'a confisqué la mienne à cause du retard de la dernière fois.» Se prêter nos consoles quand on se les faisait confisquer. Ca aussi c'était notre truc.
« Ca roule. Mais tu me prête le dernier Keys of west.» Notre groupe de rap favoris de l'époque. Ma mère m'avait refusé de me l'acheter. C'était sois disant trop violent. Tao acquiesce et nous voilà déjà en train de prendre nos billets pour le film.
Ce jour là je n'avais jamais pensé comment tout ça allait se terminer. Je n'avais pas imaginé qu'on en arriverait là où on en est arrivé. Je pense que j'ai toujours su que Tao avait des penchants un peu limités. Mais moi, je disais rien, je m'en foutais. L'homosexualité, c'était complètement interdit dans ma culture. C'était jeter la honte sur sa famille, c'était un déshonneur, pour ne pas dire une aberration. Alors je me disais juste qu'on était jeunes. Et qu'on fantasmait, rien de plus. Pourtant le film a commencé. Et ce qu'on en a vu ? Pas grand chose. Pour ne pas dire rien du tout...
J'ai commencé à sentir la main de Tao venir frôler mes doigts. Et je ne sais pas pourquoi, mais je me sentais vraiment bizarre. Le cœur qui bat. Les papillons dans le bas du ventre. J'avais déjà embrassé des filles, mais jamais ça ne m'avait fait ça. Jamais je n'avais été comme ça. Et quand il a fini par prendre intégralement ma main je me sentais étrangement mieux. Nos regards se sont croisés, et j'ai compris certaines choses. On était jeune. Au début on voulait juste tenter. On était juste curieux. Se serait le terme le plus adéquat je pense. Tao est venu poser sa tête sur mon épaule, comme il ne l'avait jamais fait. Et j'ai senti ses lèvres dans mon cou. Mon cœur à manqué un battement. J'étais mal à l'aise, mais je n'avais pas envie de le repousser. Je ne savais pas pourquoi. Alors j'ai serré sa main encore plus fort. Etrangement on était seul ce jour là dans la salle, et personne ne pouvait nous voir. Personne. On était juste dans notre bulle. Rien de plus.
« Tu veux essayer ? » Mon ami est venu me murmurer des mots à mon oreille. Sur le moment je n'ai pas compris.
« Essayer quoi ? Merde mec, à quoi tu joue ? » J'avais peur. Peur de faire une connerie. Il a relevé la tête et m'a replacé une mèche de cheveux, venant frôler ma joue.
« Couchez ensemble pardi. Par simple curiosité. Comme tout le reste.» Je savais qu'il était sérieux. Mais je pense que je savais aussi qu'il attendait bien plus qu'une simple partie de jambe en l'air par simple curiosité.
« Qu... » j'ai déglutie nerveusement. C'était contre nature. Alors pourquoi j'en avais tant envie ?
« D'accord... Mais c'est toi qui fais la gonzesse. Je veux pas que tu... Bref tu vois.» Tao a rigolé sans la moindre retenue.
« Ca m'est égale. Tant que je suis avec toi. Amarok... Je t'aime. » J'ai penché la tête sur le côté. Je crois que je n'avais pas bien compris le sens de ses derniers mots. Il les avait prononcés dans sa langue natale.
« T'as conscience que je ne parle pas chinois ?» Que oui, il en avait conscience.
« Japonais. Sois pas raciste s'te plait. Ni insultant d'ailleurs.» Tao me souriait. J'aimais quand il faisait ça. Sa main se promenait sur ma joue, dans mes cheveux, et moi je restais comme tétanisé. N'osant rien faire.
« Ouai mais c'est pareil.» C'était tout ce que j'avais trouvé à répondre. D'une voix douce et très calme.
« Pas vraiment c'est un peu comme si je te disais que t'étais je sais pas moi, Sioux ou Apaches.»« Non mais ça c'est pas pareille. Et puis t'habite à China Town pas à Japan Town.» Il a rit de plus bel, il semblait tellement bien à ce moment là, et ça me faisait tellement de bien à moi aussi.
« T'es con tu sais quand tu t'y mets. Mais tellement sexy quand tu dis des conneries. Moi au moins je sais que t'es Cherokee, et pas autre chose.» « Quoi ?...» Je n'ai rien eu le temps d'ajouter que Tao venait m'embrasser. Ses lèvres contre les miennes et sa main toujours sur ma joue. Je crois que jamais je pourrais oublier ce moment. Parce que c'est ce jour là que j'ai compris tout le reste. Et l'importance qu'il avait pour moi...
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« Amarok ! Je t'interdis de parler comme ça à ta mère est-ce que c'est clair ? Dans la cuisine, d'pèches-toi. Faut qu'on parle.» Mon père me hurle de l'écouter. Comme souvent de son air le plus solennel qui soit. Comment ne pas l'écouter quand il est comme ça ? J'aimerais parfois le contredire, mais le fait est que mon père n'inspire qu'une chose. Le respect. Ancien chef de la réserve il faisait la loi, la pluie et le beau temps. Je soupire, mais je n'arrive pas à le détester et c'est sans me faire prier que je me tire une chaise dans la cuisine après m'être servis une tasse de lait chaud, y ayant ajouté discrètement du rhum. S'il l'apprenait il me tuerait, mais je ne suis plus un enfant non plus, il est tant qu'il l'accepte enfin.
Je me tais, je vois bien qu'il est inquiet, et la dernière fois que j'ai vu ce regard c'était quand il a compris que la situation de notre pays était chaotique. Le jour où on m'a annoncé que je perdais ma bourse d'étude et ma place dans l'équipe de football pour les raisons suivante : Natif Amérindien, homosexuel, classé comme paria et reclus de la société. Je n'ai jamais été aussi en colère que quand j'ai su que ma bourse pour l'Université de Duke revenait à cet enfoiré de Nathan Parker. Un magnifique fromage blanc. Plus blanc tu meurs. Alors non, je n'aimais pas ce regard. Je savais et je comprenais que quelque chose n'allait pas et pour une fois je n'ai rien dit. Faisant rouler ma tasse chaude entre mes mains.
« Il faut qu'on parte.» Sa voix était sèche, glacial, mais surtout, paniquée. J'ai relevé les yeux sur lui. Cela faisait un mois qu'on était là. Mon intégration je ne l'avais jamais fait, mais j'étais déjà major de ma promo.
« Tu plaisante j'espère ? Non parce que si ton plan c'est de foutre mon avenir en l'air ça, c'est pas cool. Il est hors de question que je remette un pied à Tulsa papa.» Je le contredisais. J'avais peur des représailles. Mon père n'était pas homme à contrarié. Mais là, il s'est tout simplement assis en face de moi, à plissé le nez en humant le rhum dans mon lait, mais n'a rien dit. Il m'a juste pris les mains. L'heure était grave, c'était certain.
« Je sais que tu nous en veux Amarok. Et je sais aussi que tu ne pourras jamais ni nous pardonner, ni te pardonner la perte de ton ami. Je ne veux pas plus que toi retourner à Tulsa. J'y ai vu mon père se faire déporter pour avoir oser prononcer le fond de sa pensée. Tu dois comprendre une chose mon fils. Il n'y a plus d'espoir pour nous là bas. Mais ici, il ne s'agit pas uniquement de racisme. C'est la race humaine entière qui est menacée. Je trouverais une solution, on partira je ne sais pas, au Canada. L'Acadie est une jolie région et en plus la réserve y est chaleureuse.» La voix de mon père était calme. Douce. Comme s'il tentait de me dire quelque chose. Mais moi, je ne voulais pas partir. Je ne voulais pas revenir en réserve.
« Se faire enfermer encore une fois parce qu'on est né première nation ? Papa qu'est-ce qui se passe ? On va faire exploser une bombe nucléaire sur River Crow ou quoi ? Tu bosse au poste de police alors dis-moi ce qu'il se passe.» J'ai regardé ma mère, elle était là. Debout, se rongeant les ongles.
« Maman pourquoi tu dis rien ? Je veux savoir ce qu'il se passe ici.» Mon père a resserré mes mains. Il n'était pas inquiet. C'était bien pire. Mon propre père, l'homme le plus sage que je puisse connaitre avait peur.
« Tu vas trouver ça complètement fou mon fils. Mais nous sommes entourés de... Vampires.» Je me suis mis à rire, c'était plus fort que moi.
« Putain je sais pas ce que vous avez fumé au poste mais c'est de la bonne. Faut que t'arrête de trainer avec un blanc papa, c'est pas bon pour toi.» Je me suis relevé. Mon père péter les plombs je ne voyais que ça.
« Amarok assis toi. Je te pardonne tout mais s'il te plaît écoutes-moi.» « NON ! Toi écoutes-moi ! Tu m'as forcé à regarder mon meilleur ami se faire exploser les membres à coup de gourdin avant de se faire achever par injection létal comme un vulgaire animal ! Peine que TU as prononcée ! Tu m'as retenu fortement, m'ordonnant de rester digne pour ne pas qu'on comprenne la vérité ! Toi t'as rien à me pardonner papa. J'aimais un homme que tu le veuille ou non ! Asiatique et homme ! Non pas une Cheyenne ou encore une Chenoa mais un Tao ! Et alors ? Ca ne fait pas de moi un monstre papa ! Ni une aberration de la nature. Reste dans tes délires de... Vampire. J'ai une thèse à rendre demain. Je vous déteste tout les deux. Et va falloir l'assumer. Mais c'est de votre faute si on en est là.» De leur faute, c'était facile de tout rejeter sur les autres. J'ai claqué la porte avant de me laisser tomber contre. Fondant en larme. Pour la première fois de ma vie j'avais osé affronter mon père. J'avais osé lui dire tout ce que je pensais. Je les détestais oui. Je les détestais pour ne pas avoir compris et pour m'avoir retiré l'unique personne qui n'avait jamais su me faire sentir vivant... Je suis resté là, quelques instants, essayant de me calmer. Rallumant l'ordinateur, soupirant en constatant qu'internet ne marchait toujours pas. Appuyant sur le bouton lecture de la chaine hifi, j'ai laissé tourner le fameux Keys of West que je n'avais jamais rendu à Tao. Repenser, se souvenir, ça faisait mal. Alors pardon du hors sujet, mais fallait que je parle. Et que je raconte mon histoire.
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Si on me demande de fournir l'antithèse de ma propre thèse je répondrais que j'en suis incapable. Ce qui techniquement me mes complètement hors sujet. Mais en réalité, peu importe que j'ai un joli F entouré en haut de page. Peu m'importe des commentaires. Je vous demanderais juste de lire ce devoir jusqu'au bout. Monsieur O'Maley, je vous ai habitué à mieux depuis mon arrivé et j'en ai conscience. Mais s'il vous plait, lisez mes mots, pour ne pas dire tout simplement mais maux. Parce que hors sujet ou pas la vérité est que mon histoire fut écrite de la main même de l'histoire des hommes. De mon peuple, de ne nos malheurs. D'une civilisation bien trop souvent martyrisée. On a essayé de rester digne. Jusqu'au bout. On a essayé oui, de rester forts. Mais à quoi cela peut bien servir ? Les blancs gagneront toujours. Nous avons été éradiqué il y a des centaines d'année en arrière. On était pacifistes. Mais personne n'a jamais voulu comprendre. Car l'homme est de nature égocentrique. Et que mis à part son propre nombril, il ne veut rien voir.
Comme je vous le disais plus haut, la situation de notre état n'allait pas en s'arrangeant. A 14 ans on imposait un couvre feu. A 16 ans, c'était l'annonce de l'ouverture officielle des camps FEMA. En avez-vous déjà entendu parler ? Permettez-moi d'en douter. Je vous ai cité la seconde grande guerre, mais ce n'était pas pour exagérer nos situations. Dans les années 2000 les Américains ont voulu anticiper sur une éventuelle crise comme celle que subis actuellement le monde. Et pour cela, ils ont ressortie les bonnes vielles méthodes d'Hitler. Inspirés des camps de concentrations, pas loin d'une centaine de camps FEMA ont était construit un peu partout aux Etats-Unis d'Amérique. On le savait tous, mais jamais personne n'a vraiment voulu croire qu'ils ouvriraient un jour. C'était de la folie furieuse. Tout y avait été pensé. Les autorités présentaient ça comme étant tout simplement des prisons, des camps de travail. Mais c'était sans parler des chambres à gaz et des incinérateurs qui restaient top secret. Au départ seuls les hommes y étaient conduits. Des crapules, des délinquants, pouvant aller de simple voleur, à assassins ou violeurs. On ne faisait plus la différence. Et puis, fallait bien avouer que les prisons étaient complètement débordées.
Je pense que quand on a que seize ans on ne se rend pas bien compte des choses. On ferme les yeux et s'invente des monde meilleurs. La même année on entrait enfin en seconde avec Tao. Parait pour trois ans de lycée. Tout comme cette année là, cela faisait deux ans que l'on cachait notre relation aux yeux du monde. Dans ma civilisation l'homosexualité était une chose complètement interdite. Pour ne pas dire impensable. Les homosexuels étaient tout simplement bannit de la réserve, et en tant que fils du chef de clan, je n'avais pas le droit de déshonorer ma famille. Quant à la culture de Toa. Je crois que là c'était bien pire qu'un simple déshonneur aux yeux des siens. Et c'était sans compter qu'en Oklahoma l'homosexualité venait d'être interdite. Tout semblait contre nous. Alors on se cachait. Et ça nous allait très bien. Au lycée les classes étaient divisées. Les blancs d'un côté, les autres, de l'autre. Encore et toujours les mêmes discriminations. Toujours les mêmes discourt. Mais ça ne nous a pas empêché de nous battre avec Tao, et finalement, on a fini par entrer dans l'équipe de football sans trop de difficulté. J'ai obtenu en même temps et la place, et le surnom de Quarterback. La fierté de mon père.
J'étais bon élève, beau garçon, sportif, tout pour plaire. Les filles me tombaient dans les bras, créant une parfaite couvertures. Quant aux enseignants. J'avais leur encouragement. J'étais presque l'élève modèle. De la seconde à la terminale. Je me suis vu proposer une bourse d’étude pour intégrer la prestigieuse université de Duke. Alors que je voyais la situation de Tao s'aggraver, la mienne elle, allait en s'améliorant. Si j'avais souffert du racisme et de la discrimination je n'avais jamais vraiment réagis sur celle que subissait Tao au quotidien. Son père, qui avait été chef d'entreprise venait de se faire renvoyer. Il n'avait rien trouvé de mieux à faire que de se faire exploser la cervelle par fierté. Tao disait qu'il s'était tout simplement fait Arakiri pour rester digne. Moi je trouvais que ça n'avait aucun sens. Le suicide était signe de faiblesse dans ma coutume. Sa mère quant à elle avait perdu son emplois, se retrouvant sur la paille, obligée de faire des ménages pour tenir le mois. Et à 17 ans, j'ai découvert le site de Tao. Mon ami se prostitué pour aider sa mère. J'en étais malade. Mais eux, de leurs origines chinoises, japonaise, personne ne voulait les aider. Et la famille An Sue déclinait de plus en plus.
Et moi, je ne pouvais rien faire pour les aider. Tao m'en voulait terriblement de ne pas me montrer plus présent. J'avais mes études, ma fierté. Et au final, j'ai bien failli le perdre une première fois. Je l'ai plus vu en cours, et ça m'a inquiété. Alors un soir, j'ai pris mon skate, et je suis allais frapper chez lui. Cela faisait presque six mois que je n'avais pas mis les pieds dans China Town. Le quartier me faisait peur et je me souviens avoir attrapé le 45 de mon père avant de partir. J'ai retrouvé Tao avec un homme bien plu âgé que lui. Le baisant comme un vulgaire animal. J'en suis resté sans voix. Dégouté de la situation. J'ai voulu claquer la porte, mais à la place j'ai choppé son client par les cheveux, l'obligeant à quitter les lieux. Mon ami m'en a retourné une belle c'est certain. Il venait de perdre 100 dollars et à notre époque ce n'était pas rien. Mais je refusais de le laisser dépérir comme ça. Je refusais de l'abandonner. C'était mon ami. Mon meilleur ami. Mon amant. L'homme dont j'étais fou amoureux. J'avais beau passer mon temps à le refouler, à sortir et coucher avec des filles, j'étais fou de cet homme. Mais vous comprendrez qu'en vu de la situation de notre pays ce n'était pas une chose facile à avouer. Là je vous l'accorde. Je me confis à vous comme je me confirais à un psy. Je le mérite vraiment ce F. Je m'égare...
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CTRL + A. Je n'ai qu'une chose à faire, tout effacer. Chose faite. CTRL + Z. Le texte réapparait aussitôt. Fixant encore la photo de Tao, je me souviens du jour ou elle fut prise. De ce jour, que je ne pourrais jamais oublier. Tendant la main je viens la prendre. Ca fait mal de se souvenir. Mais raconter mon histoire, ça, ça me soulage. Je le sais. M'en rend compte.
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Tulsa, Oklahoma
Mars 2042.
« Tao mais qu'est-ce que tu fais ? » Je suis assis sur son lit, le dos contre la tête de lit, le fixant dubitativement alors qu'il s'empare de son appareil photo.
« Aujourd'hui ça fait 5 ans Ama. Et t'imagine qu'on n'a pas une seule photo de nous deux ? Souris !» Il semble heureux. Et ça me rend heureux de le voir comme ça. Machinalement je viens me cacher derrière la BD que j'étais en train de feuilleter sans vraiment le faire.
« C'est ridicule. Encore un truc de chinois.» Toa vient s'assoir à côté de moi, brandissant son engin de malheur.
« Japonais. Sois pas raciste. 5 ans mais toujours incapable de faire la différence. Mais effectivement, c'est très japonais de prendre des photos. Aller s'te plait, sois pas si rustre.» Je viens poser une main sur la sienne pour lui faire baisser son appareil.
« C'est tout sauf Amérindien en tout cas. Chez nous on dit que les photos volent les âmes. Alors garde ça loin de moi d'accord.» J'étais très sérieux, mais Tao à rit aux éclats.
« Sois pas si solennel on dirait ton père. Si je disparais tu feras comment pour te souvenir de ma belle gueule ? Au moins tu pourras te souvenir de moi.»« Pourquoi tu disparaitrais. Sois pas stupide. T'as vraiment besoin de ça ?» L'unique fois ou j'avais fait des photos c'était pour mon permis et mon passeport. Les objectifs me mettaient mal à l'aise.
« Aller juste une pour me faire plaisir et après je te fous la paix. Et puis tu sais, je me suis fais renvoyer du lycée, j'ai plus le droit de sortir de China Town, alors tu vois, je sais pas pourquoi, mais je le sens pas. Toi tu vas avoir ta bourse. Tu vas aller à l'université et moi...» Je l'ai regardé. Revenant à la réalité. Deux mois plus tôt Tao avait reçus une lettre des autorités, le menaçant de venir le faire déporter dans le camp FEMA s'il venait à sortir de China Town.
« Duke est en Caroline du Nord Tao. Loin d'ici. De nos lois. Viens avec moi. On se prendra un appart'. Tu trouveras un boulot d'informaticien. Et on y sera bien. C'est très chinois ça l'informatique non ? » Et le pire, j'y croyais vraiment.
« Japonais mon cœur. Aller on la prend cette photo.» J'ai souris avant de venir l'embrasser.
« Ok mais de toute façon je t'abandonne pas ici moi.» Il l'a prise sa photo, et tout semblait revenir à la normal. On était dans notre bulle comme souvent.
« Hayley m'a invité à sortir.» Je ne savais pas trop pourquoi je lui sortais ça, mais je n'avais rien à lui cacher.
« Et alors ? T'as dit quoi ?» Tao s'est relevé, allant vers la fenêtre pour fumer sa cigarette.
« J'ai dit oui. Tu te tape bien Mary.»« Monsieur serait-il jaloux ? Je la baise mais franchement, c'est pas l'extase. Et puis, bon, de toi à moi, tu fais pareille.» J'ai éclaté de rire, avant de me relever, venant l'enlacer tendrement.
« J'suis pas jaloux. J'suis pas gay en plus. Alors pourquoi je le serais ? » Je n'étais pas gay. Cela faisait 5 ans que je tentais de m'en convaincre. Pourtant, la femme de ma vie était là avec moi. Et c'était un homme.
«Gvgeyuhi Tao. » Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais pour la première fois je venais prononcer ces mots au creux de son oreille.
« Quoi ? J'parle pas Amérindien moi. » Je savais qu'il avait très bien compris, et il est venu poser sa mains libre sur la mienne.
« I shi te Ru Ama.» J'ai souris dans son cou, je m'y sentais tellement bien.
« Cherokee. Pas Amérindien. Sois pas raciste.» Je reprenais ses expressions. Je faisais comme lui. Le coup du chinois, je le faisais exclusivement pour l'embêter. Rien de plus. Et ça marchait à tous les coups.
« J'aime quand t'es comme ça Ama. C'est tellement rare. » Rare, c'était cas de le dire. J'avais légèrement tendance à me montrer distant. Froid. Trop souvent pas assez impliqué. Mais je n'en savais rien. Quelque chose semblait le tarauder, et moi, ça me taraudait. Délicatement je lui ai volé sa cigarette pour la lancer par la fenêtre, le retournant vers moi pour le regarder dans les yeux. Sortant un collier représentant un attrape rêve que je sors de ma poche, je le lui ai accroché autour de son cou.
« Je t'interdis de disparaitre Tao. Je t'interdis de m'abandonner. Alors tu vas venir à Duke avec moi, et on y sera bien. Et si ce n'est pas le cas alors on franchira les frontières du Canada. Et si ça ne va toujours pas, alors on ira ailleurs. L'Europe ? J'ai reçu une demande d'inscription pour une fac en Irlande. Dans une ville qui semble hors du temps. River Crow. Je pourrais trouver un petit job après les cours. Et toi tu travailleras, ou alors tu peux toujours redoubler ta terminale et obtenir ton diplôme. T'as toujours rêvé d'être flic. De combattre ses injustices. Je sais que tu me cache quelque chose, je le ressens. Mais je t'interdis de me laisser tout seul. Tu es tout ce que j'ai Tao Lee Han Sue. Tout ce que j'ai. C'est plus clair comme ça ? » Pour couronné le tout je suis venu l'embrasser avec fougue. J'avais envie de lui. J'avais envie de sentir son corps contre le mien. J'avais sans cesse envie de ses bras. Mais c'était sans parler du type qui nous observait de la fenêtre d'en face. Et ces futurs clichés, qui allaient nous pourrir nos rêves, et nos existences.
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J'étais complètement perdu dans mes pensées. Cette photo me rappelait trop de souvenirs. Nos rêves, nos fantasmes, nos fabulations. Soupirant je me relève, allant chercher dans le tiroir de la commode un T-shirt qui lui appartenait. Me roulant en boule sur mon lit. Il y a encore un certain temps il sentait encore son odeur. Mais maintenant je dois laisser parler mon imagination pour m'en souvenir. Je ne réponds pas quand mon père vient frapper à la porte. Et lui, il n'attend pas mon approbation pour entrer et venir s'assoir sur le bord du lit.
« Amarok je dois t'avouer quelque chose. Et tu ne vas pas aimer ce que je dois t'expliquer. Mais il le faut.» Je sens du stress dans la voix de mon père. C'est bien la première fois que je le sens comme ça. Si tendu. Lui si souvent trop solennel.
« Grand-père était au courant papa. Il savait tout pour Tao. Et tu sais ce qu'il en pensait ? Il me disait que les temps avaient évolués. Que tu comprendrais. Que seul mon bonheur t'importerait et que ça se voyait comme le nez au milieu de la figure que cet homme me rendait heureux. Il m'avait juré que pour une fois tu n'écouterais pas nos lois, mais plutôt ton cœur. Et le mien. Mais grand-père est mort avant même qu'il n'ai eu le temps de t'expliquer tout ça. Il avait tort. Tu n'écouteras jamais ton cœur papa. Tu n'écouteras que nos lois. Aussi injustes soit-elles. Comment t'as pu me faire ça ? A moi. Ton fils ?» Ma voix est brisée. J'ai une boule dans la gorge et une autre dans le ventre. Je voudrais pleurer, mais mes yeux sont trop secs pour ça.
« J'étais au courant Amarok. Depuis des années. Tu es mon fils et si tu penses que je n'avais pas compris tu te trompais. Seulement on faisait semblant de ne rien voir avec ta mère. Tu sais très bien comment ça se serait terminé si on n'avait pas joué la comédie. Je l'ai su, dès que tu es rentré du cinéma le soir de tes quatorze ans. Quelque chose avait changé en toi. Mais ton grand-père avait raison. Ca n'avait pas la moindre importance.» Je me suis tourné vers lui, me relevant enfin pour l'écouter.
« Alors pourquoi t'as fais ça ?» Je sens que mon père avait raison, je n'allais pas aimer le reste de l'histoire.
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Tulsa, Oklahoma,
juin 2042.
« Chayton Donoma, j'écoute.»Le téléphone venait de sonner. Chayton rentrait tout juste du travail. Comme à son habite il avait laisse tomber sa veste sur le dossier du fauteuil de salon, avait retiré ses chaussures et allumé une cigarette. La voix de Tao Lee An Sue raisonnait dans le téléphone, il semblait complètement paniqué.
« Ils savent tous monsieur. On nous a pris en photo Ama et moi. Je... J'comprends pas putain, on faisait de notre mieux pour rester discret. Amarok vient de se faire convoquer au bureau du directeur au lycée, il vient de m'envoyer un texto. On est complètement foutu.» Tao n'était pas paniqué. C'était bien pire, il était complètement effondré.
« Tao calme toi, expliques-moi tout. S'il te plait.» La voix de Chayton s'est mise à trembler. La peur le prenait. Tout le monde savait comment se terminait ce genre d'histoire. Seuls les camps FEMA attendait les homosexuels de l'Oklahoma.
« Ama était chez moi pour son anniversaire. Et, il m'a embrassé devant la fenêtre. On nous a dénoncé monsieur Donoma. Je... Faut protéger Amarok. Lui il a un avenir, pas moi.» « Ou est-ce que tu veux en venir Tao ? Qu'est-ce que tu as fait ?» Tao renifla dans le combiné, il était en pleure, mais déterminé à aller au bout.
« Je devais le protéger Monsieur. Je... Je me suis dénoncé. La police est déjà en chemin.»« Tao ! Qu'est-ce que tu as fait !» Chayton ne comprenait rien. La panique le pris de plus belle. Tao avait toujours eu tendance à faire les choses sans réfléchir.
« On va venir vous interroger Monsieur. Et va falloir être convainquant. Vous leur expliquerez qu'Amarok n'était pas consentant. Que je l'ai violé à répétition. Forcé. Qu'il n'est qu'une victime. En tant que parent de victimes, on vous demandera la peine que vous voulez m'infligé. Vous aller devoir vous montrer, encore une fois, extrêmement convainquant. » Chayton n'en revenait pas. Tao se sacrifiait pour sauver son propre fils.
« Tao ça le détruirait. Je... Je ne peux pas faire ça.»« Si vous le pouvez. Et vous le ferez. Amarok a un avenir. Moi je n'ai plus rien. Promettez-moi de ne jamais lui dire la vérité Monsieur Donoma. Vous devez le protéger. Ca va al...» La porte s'ouvrit à la volé dans l'appartement de Tao. Et déjà le flic de Tulsa l'attrapait fermement pour l'emmener.
Dix minutes plus tard, Amarok rentré du lycée, plus anéanti que jamais. Il annonçait à son père toute la vérité. Celle de la perte de s bourse. Mais aussi les raisons. On l'accusé d'homosexualité, de perversion. De n'être rien de plus qu'un parias de la société. Il avouait tout à son père. Son amour pour Tao. Sa relation de 5 ans. Et la sentence allait être irrévocable. Sous les conseils de Tao, Chayton l'écoutait.
« Comment t'as pu faire une chose pareille Amarok ? Tu nous déshonneur ! » Il a décroché le téléphone, sous le regard perdu de son fils.
« Papa qu'est-ce que tu fais ? » Amarok a essayé de s'emparer du téléphone, mais en vain.
« Dire la vérité à la police. Leur dire que tu a été violé. Et qu'on t'a contraint à le faire. Tao doit payer.» « Je t'en pris fais pas ça... » Les larmes se sont misent à rouler sur les joues du jeune homme. Mais son père n'écoutait rien. Pourtant c'est le cœur lourd qu'il racontait tout aux flics le sois même. Détruit de l'intérieur.
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« C'était une idée de Tao...» Ma voix tremblait. Mon père m'avait caché tout ça et je ne savais pas pourquoi. Je ne savais pas pourquoi on m'avait tout caché. Pourquoi on avait pris des décisions à ma place. Et maintenant, je devais surtout vivre avec ça sur ma conscience. C'était horrible.
« Pourquoi tu ne m'a rien dit papa ? Pourquoi ? Pourquoi il a fait ça ?» Pour la première fois de ma vie je voyais du regret dans les yeux de mon père. Il s'en voulait et ça ne faisait aucun doute.
« Tao t'aimait Amarok. Le soir de... de son exécution j'ai demandé à le voir. Je lui ai injecté un fort sédatif pour qu'il ne sente rien. Il... Il faisait semblant pour paraitre réaliste. Tao n'a rien senti.»« Tais-toi je t'en prie. Même s'il n'a pas souffert ça ne le fera pas revenir. Papa... Je veux qu'il revienne putain.» J'ai fondu en larme, enfin, je n'en pouvais plus. Mon père est alors venu me prendre dans ses bras et m'a enlacé comme jamais il ne l'avait fait. Je crois que lui aussi pleurait. Ou tout du moins, lui aussi en avait envie.
« Je suis tellement désolé fils. Je n'ai jamais voulu ça. Jamais...» On peut penser que mon père est une ordure. Qu'il agit par pur égoïsme, mais la vérité est que personne ne saura jamais comment lui aurait agis. Parce que personne ne saura vraiment ce que l'on subit là bas, en Oklahoma. L'enfer, le racisme, la discrimination, les règles, les menaces, les lois, et surtout, les mis à mort pour un tout et un rien. Mon père ne voulait pas me perdre. Tao ne voulait pas que je meurs. Alors ils ont tranché. C'est aussi simple que ça.
Alors une fois calmé mon père m'a expliqué ce qu'il savait sur la ville. Sur les monstres qui y vivaient. On faisait parti des centaines de naïfs qui s'étaient fait prendre par les pubs et par ces belles promesses de belle vie. On a alors bouclé nos valises, mais avant de partie j'avais une dernière chose à faire. Faire lire mon histoire. Faire comprendre que même si à River Crow se ne sont pas le genre humain qui commet des abominations, l'abomination elle, est partout. J'ai terminé m thèse. Offrant en point final un plan. Un plan sans rien. Le temps me manquait. Mais c'était important pour moi.
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Thèse : L'histoire des peuples, ligne directive des coutumes et des mœurs des mentalités actuelles.
Antithèse : L'évolution humaine, symbole de l'évolution des mentalités. L'histoire, manière à apprendre des erreurs du passé pour ne pas les recommencer.
Synthèse : L'homme et ses vis vieux depuis des décennies. L'histoire apprend, mais jamais ne change ni fait évoluer les choses.
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J'ai imprimé mon devoir, et nous sommes partis avec le strict minimum. Déposant le papier dans l boite au lettre de monsieur O'Maley. C'était important pour moi. Nous sommes parti, à pied, pour jouer de la discrétion, mais nous ne sommes pas allait bien loin. Non, en réalité, nous ne sommes allés nulle part. On nous a suivis. Je peux encore entendre mon père me hurler en cherokee d'aller me cacher. Le son de sa nuque qui craque. Et la vision de ma mère, se faisant vider de son sang. Je suis resté là, dans le noir, couché dans les herbes hautes. La main collée contre ma bouche pour ne pas hurler. Et quand ils sont enfin partis je suis retourné vers ma mère. Elle respirait encore. Faiblement. Et ses derniers mots, je ne les oublierais jamais...
« Tao... Il... Cherche...» J'ai hurlé je crois. Je l'implorais de ne pas me laisser tomber. Elle n'avait pas le droit de m'abandonner. Elle n'avait pas le droit de me laisser tout seul. J'ignore combien de temps je suis resté là, le cadavre de ma mère contre moi. J'ignore comment il m'est tombé dessus. J'ai marché je crois. Sans but, sans savoir où aller. Il m'a promis de s'occuper de mes parents. Il m'a pris la main, et m'a ramené ici, à ce qu'il appelle la fondation. Elijiah c'est son nom. Et grâce à lui je me retrouve là, une tasse de lait chaud au rhum entre les mains. La suite ? Quelle suite ? Elle s'écrira au fil du temps...