Howahkan Omawnakw Ξ One time... [Condamné - Validé]
Howahkan Omawnakw
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Date d'inscription : 18/08/2016
De la main de Howahkan Omawnakw signé le Sam 20 Aoû - 17:38
Howahkan Omawnakw
feat. Eddie Spears
Nom : Omawnakw Prénom(s) complet(s): Howahkan Race : Humain Âge : 27 ans Groupe : Condamnés Origines : Amérindiennes - Lakota tribu des Brûlés (Sioux) Métier/Rang : Pratique la boxe, musicien à ses heures perdues qui vit de petits boulots
Apparence
Amérindien. 1 m 90. Musclé, mais pas massif. Au contraire, tout mon corps est parfaitement proportionné. Mes cheveux son longs, noirs. Des yeux marrons, profonds. Rien de plus classique.
Du coup, si je devais me trouver des particularités, je ciblerais sur ce sourire qui n'éclaire jamais mon visage. Je sais pas sourire en fait, on m'a pas appris. Mes traits sont durs, complètement fermés. J'y peux rien. Je m'en rends même plus compte. Puis, mon corps porte par endroit des traces de coups. De vieilles marques dues à un passé par toujours très heureux. Il y a des choses qu'on voudrait pouvoir oublier, mais les stigmates de la peau sont là pour nous les rappeler. Comme la mémoire de nos émotions.
Pouvoir
// Aucun //
Psychologie
Il arrive que certaines âmes tourmentées viennent au monde. Des âmes qui pour bien grandir, s'épanouir, puis s'apaiser auraient eu besoin d'un environnement serein. Je n'ai pas eu cette chance. Non, ne te méprends pas. Je ne suis pas en train de te dire qu'un autre méritait plus que moi de mener une existence reposant en partie sur des mensonges. C'est comme ça. Un jour, quelqu'un m'a rappelé qu'on ne choisit pas. Alors, j'ai fait avec. J'ai composé, raté certains trucs, réussi là où on ne m'attendait pas. Aujourd'hui, de quelle façon je me vois ? Comme un homme bon, mais trop impulsif. Qui agit avant de réfléchir. Tu sais, la souffrance finit par brouiller les signes que t'envoient les Esprits. Il est vrai que je n'ai pas toujours su me repérer, ni faire les bons choix. C'est qu'il est parfois plus facile de prendre les mauvaises décisions.
De mes erreurs, j'ai fait un leitmotiv. En rébellion contre mon entourage durant des années, il m'a été difficile d'arriver à faire la part de choses. À mes yeux, le bien et le mal se sont pendant longtemps confondus. Mais en même temps, comment te repérer dans un monde où ceux qui sont supposés te protéger ne pensent qu'à te trahir ? Ma mère n'a jamais assumé les conséquences de ses actes et mon père quant-à lui, mon vrai père, n'a jamais voulu me reconnaître. Tout n'est qu'une succession d'abandons, de fuites en avant. Pas étonnant que j'ai dérapé, glissé sans freins sur une pente savonneuse. Délinquant, ingérable, j'ai fini par tomber de l'autre côté. Et ce n'est certainement pas la société, société de blancs, qui m'a aidé à me relever. En colère, je me suis violemment débattu contre mes démons intérieurs. Le résultat a été qu'au final, j'ai fini par franchir les limites. Ancien drogué, je me suis laissé prendre au jeu. Toujours plus loin, plus fort, plus mal. Mes passages en centre de redressement et en taule, m'ont forgé le caractère. Plus rien ne peut m'abattre, regarde. Touche. Tu la vois, tu la sens cette armure invisible que je porte ? J'ai tellement peur de la retirer. Puis de m'effondrer.
Heureusement, j'ai rencontré les bonnes personnes au bon moment. Et la pratique de la boxe m'a aidé à me contrôler. Je ne tape plus avant de parler. Crois-moi, c'est un réel progrès. À présent, je me sens mieux. Dans ma tête, dans ma peau. Stabilisé, j'ai arrêté les conneries. Puis surtout, j'ai renoué avec mes racines. Chaque matin, quand je croise mon reflet dans la glace, je me répète ces trois mots : respect, honneur, discipline.
Discipline, discipline, discipline. Pas une évidence quand tu fumes et bois plus que de raison. Et que t'as appris à parler une langue par pure provocation. Il y a des jours où c'est plus dur que d'autres. Parce-qu'en dépit de ce qu'on pourrait penser, si on me cherche, on me trouve. Je suis ainsi fait, on reste tel qu'on est.
Avez-vous d'autres liens ? :
Amarok Donoma : Amarok est ce petit frère dont j'ai durant des années ignoré l'existence. L'écart de mon père m'a valu d'ignorer la véritable identité d'Amarok jusqu'à mes 20 ans. Amarok ignore qui je suis vraiment. Pour lui, je ne suis qu'un cousin éloigné. Quand les Donoma ont fui l'Oklahoma pour l'Irlande, je l'ai mal vécu, me sentant une seconde fois abandonné. Mais après des mois sans nouvelles, j'ai décidé de retrouver mon frère et de le protéger coûte que coûte. D'ailleurs, je compte bien lui annoncer qui je suis et lui promettre que plus jamais il ne sera seul.
Comment avez-vous découvert le forum ? J'en suis la cofondatrice. Vos impressions : Le nouveau design est une tuerie xd Votre taux de présence : Régulier 7/7 Code du règlement : Le premier qui m'oblige à le remettre pour la trois millième fois, je lui fais manger Mais je vous aime fiche terminée? C'est par ici
Lyr
Howahkan Omawnakw
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Date d'inscription : 18/08/2016
De la main de Howahkan Omawnakw signé le Sam 20 Aoû - 17:39
Histoire
One time, for my people one time This is our time, this is our shine...
Imagine qu'un jour dans l'histoire des hommes soient venus frapper à ta porte. Un jour ordinaire. Où les rayons du soleil déchiraient le bleu de ton ciel, et où ses rayons brûlaient ta peau comme la terre de tes ancêtres. Juste imagine. La morsure du feu embrasant ton cœur, tel le plus valeureux des guerriers. Tu ne veux plus verser de larmes. Tu ne veux plus baisser la tête. Tu veux seulement te tenir droit et fier. Maintenant, essaie d'imaginer que ce jour se situe quelque part au cœur de ta propre histoire. Qu'il prolonge dans ton futur un passé révolu, un passé que toi, tu n'as pas connu, mais pourtant si vivace. Comme si dans tes veines, coulaient les gènes de la haine. Ces hommes qui sont venus frapper à ta porte, tu leur as ouvert. Sans te méfier, parce-qu'à l'école, on t'a appris que tous les hommes naissent libres et égaux. Alors imagine ta peine, ta douleur, ta colère en les voyant te prendre ta maison, ta voiture, ton chien. Imagine. Est-ce que tu y es ? Parce-que cette histoire, c'est celle de mon peuple.
La mienne. Celle qui m'a vu venir au monde dans la réserve de Lower Brûlé. Dakota. Où ça ? Tu ne sais pas. La réserve sioux de Lower Brûlé se trouve dans la partie centrale du Dakota du sud. 15 miles au sud-est de Pierre, et à 16 miles au nord de Reliance dans le Dakota du sud. Sur l'autoroute interstate 90. À l'est et au nord, les limites de la réserve comprennent les lacs Sharpe et Francis Case, de grands réservoirs formés par des barrages traditionnels sur le fleuve Missouri.
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« La vie d'un indien est comme les ailes de l'air. Le faucon sait comment attraper sa proie. L'indien est comme lui. Le faucon fond sur sa proie, ainsi fait l'indien. Dans ses lamentations, il est comme un animal. Par exemple, le coyote est rusé, l'indien l'est aussi. Tout comme l'aigle. C'est pourquoi l'indien porte toujours des plumes, il est un parent des ailes de l'air.»
Elan Noir, sioux Oglala
Mon nom est Howahkan Omawnakw. 27 ans. Natif amérindien ou Native American, selon l'expression Américain d'origine. Sioux. Et toute ma vie durant, j'ai oscillé entre voie occidentale et voie originelle. Un peu comme ceux qu'on appelle «apples», rouges à l'extérieur et blancs à l'intérieur. À chaque fois, ce concept me colle la gerbe. Je trouve ça tellement ironique. Voir carrément hypocrite quand on connaît la vérité. Celle qui veut qu'on nous ait exterminés, parqués, déshumanisés. Mais le plus triste, c'est qu'on trouve encore le moyen de nous faire porter le blâme d'une déroute qui ne nous appartient pas. Nous, avec nos doutes. Nos crises identitaires. Culturelles. Notre spiritualité si longtemps interdite de pratique. Telle fut la volonté de l'homme blanc.
...Young, educated Native make a White Man panic Lakota lead a white? The Government would shot me They treated our chiefs the same way that they treat Gaddafi...
The mysterious voice, telle est la signification du prénom que je porte. La voix mystérieuse, celle qui murmure au creux de ton oreille des paroles riches d'enseignement dans un dialecte que tu ne comprends pas. Lakota. Alors écoute, apprends, retiens. Puis tires-en tes propres conclusions. Forge-toi tes opinions.
Fils d'une mère adultère et d'un père absent n'ayant appris mon existence que trop tardivement, à mes 12 ans, je n'ai pas été le plus facile des enfants. Garçon turbulent, il m'a fallu payer le prix du mensonge. La faute à des adultes trop lâches pour assumer les conséquences de leurs actes. Dissipé, élément perturbateur, collectionnant les bêtises, il m'arrivait souvent de pousser l'homme qui m'a élevé dans ses retranchements. Souvent, pour ne pas dire presque tout le temps. Testant ses limites, non par provocation mais juste pour essayer de retenir son attention. Parce-qu'avec lui, je sentais bien qu'un truc ne tournait pas rond. Un peu comme s'il m'en voulait de quelque chose ou pire, qu'il me reprochait d'être là. Les véritables raisons de ce rejet, je ne les ai apprises que plus tard. Strict à l'extrême, il ne laissait passer aucun de mes écarts. Tout étant toujours sujet à discussion, à punissions. Jamais un mot gentil. Jamais un encouragement. Rien que des critiques, d'ailleurs je ne garde pas le souvenir de l'avoir un jour vu me sourire. Puis quand j'ai eu six ans, maman l'a mis à la porte. J'ai pleuré. Il était mon père, le seul que j'ai connu. Un enfant aime, quoi qu'on lui fasse. Je ne dérogeais pas à cette règle, à cette réalité. Après cet épisode, on a plus eu de contact. Tout était terminé, entre-eux. Entre mon pseudo père et moi. Entre-nous trois.
Fils de ma mère, je grandissais donc sans figure paternelle. Sauf que loin de se tourner, la page restait figée. Noircie d'encre indélébile et aux larmes, a succédé un violent sentiment de révolte. Contre ma mère, contre le reste du monde. De sorte que mon entrée à l'école, l'école de la réserve, marquait aussi mon entrée en rébellion. Dans les livres, on apprenait notre propre histoire. L'histoire des tribus indiennes, l'histoire de leur asservissement et de leur quasi totale disparition à cause des dérives du gouvernement des États-Unis. Bon, quand on est gosse ça reste relativement abstrait. Ce n'est qu'après qu'on prend conscience de l'ampleur des dégâts. Qu'après qu'on revendique son appartenance à une ethnie. Qu'après qu'on éprouve le besoin d'affirmer son identité. Et aux alentours de neuf/dix ans, j'ai commencé à comprendre. Comprendre le sens des mots racisme, génocide, comprendre qu'on est pas considéré comme un homme à part entière si on est pas blanc. Les anciens eux pourraient te transmettre leur savoir, par voie orale. Ils sont sages, seuls les esprits guident leurs pas. Fiers, belliqueux et indépendants ils ont cheminé là où le vent a bien voulu les porter. Parents des ailes de l'air. Respectant la terre, notre mère nourricière. Suivant les troupeaux de bisons à travers l'immensité des plaines du nord. Ne tuant que pour se nourrir, sans excès.
Si tu en doutes encore, la tribu des Sioux est sûrement la plus illustre de toutes. En témoigne le courage de l'un des nôtres. Red Cloud qui en 1868 marcha vers fort Laramie, ici, dans le Dakota et qui signa un traité de paix avec l'armée américaine. Armée vaincue. Traité promettant qu'ils laisseraient les Lakotas, véritable noms des Sioux, en paix. Foutaises. Les colons ayant toujours besoin de plus de terres, le traité se trouva rompu à de nombreuses reprises. Puis en 1880, le gouvernement américain poussa même le vis de diviser la nation Sioux en plusieurs petites réserves, gardant à cette occasion pour lui-même la plus importante partie des terres du traité. Quelle surprise. Tu le vois le rapport entre ça et ta maison, ta voiture, ton chien ?
Quoi qu'il en soit, j'ai su à partir de ce moment là où se trouvait ma place. Je me suis forgé une conscience, et ce pour le plus grand désarroi de ma mère. Devenu incontrôlable, cette dernière n'avait plus la moindre autorité sur moi. Agressif, je lui répondais. Tous les prétextes étant bons pour chercher le conflit. Pourquoi aurait-il fallu que je lui obéisse aveuglément ? Quand elle criait, je criais plus fort. L'obligeant au silence en me montrant plus menaçant. Quitte à l'insulter, à la frapper, tout ce que je demandais se résumait à ce qu'elle me foute la paix. Là-dessus, je me suis mis à déserter les bancs de l'école. Préférant passer mon temps avec les hommes de la réserve. Leur collant aux basques et les suivant de partout. Avide de me remplir la tête. Les admirant, eux et ces flammes qui se consumaient au fond de leurs yeux. Tordant leurs tripes, faisant battre leurs cœurs plus fort, plus vite, à l'unisson. En dépit de notre environnement. Baraques de blancs, fringues de blancs, nourriture de blancs. Je crois que je ne me suis pas rendu compte de la pente glissante sur laquelle je m'engageais. Deux années se sont ainsi écoulées. Deux années au cours desquelles mes rapports avec ma mère n'ont été que de mal en pis. Et ce qui devait arriver arriva. À bout de souffle, de patience, de tout, ma mère a pris la décision de m'envoyer vivre chez mon oncle à Tulsa.
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Un vieil homme Cherokee apprend la vie à son petit-fils :
- « Un combat a lieu à l'intérieur de moi », dit-il au garçon. « Un combat terrible entre deux loups. L'un est mauvais. Il est colère, envie, chagrin, regret, avidité, arrogance, apitoiement sur soi-même, culpabilité, ressentiment, infériorité, mensonges, vanité, supériorité et ego. L'autre est bon. Il est joie, paix, amour, espoir, sérénité, humilité, bonté, bienveillance, empathie, générosité, vérité, compassion et foi. Le même combat a lieu en toi-même et à l'intérieur de tout le monde.»
Le petit-fils réfléchit pendant une minute puis demanda à son grand-père :
- « Quel sera le loup qui vaincra ? »
Le vieux Cherokee répondit simplement :
- « Celui que tu nourris.»
La parabole du vieux Cherokee (origine amérindienne, traduit)
Oklahoma. 1178,12 kilomètres à parcourir en voiture du Dakota du sud pour rallier Tulsa. Au travers des États du Nebraska et du Kansas. Tu peux me croire, ça fait un drôle d'effet quand t'as jamais mis les pieds hors de ta réserve. C'est un peu comme subitement prendre conscience que ton horizon est sans limite. Enfin, à condition d'être blanc. Pour ma part, mon quotidien n'a pas beaucoup changé. Ici ou ailleurs, les amérindiens n'ont pas plus de droits. Confinés dans nos réserves, les autorités nous conseillaient de ne pas venir semer le désordre en ville sous couvert de soi-disant assurer notre sécurité. Mais la merde, ce n'est pas nous qui la cherchions. On ne demandait rien de plus qu'à vivre normalement, selon nos coutumes. En paix.
I ain't have a dad We ain't have a plan Raised by a woman who made me a man...
Je sais. Je sais que ma mère n'a pas voulu se débarrasser de moi, qu'elle a simplement voulu me sauver. Je le sais maintenant, le recule m'a permis de comprendre. Comprendre que coupable, en proie à la culpabilité, incapable de se regarder en face dans une glace, cette dernière a sûrement espéré que mon géniteur saurait me remettre dans le droit chemin. Cousin éloigné, je t'en foutrais. Je les maudis, tous les deux.
De cette année loin de chez moi, je ne garde pourtant pas que de mauvais souvenirs. Au contraire. Très vite, je me suis pris d'affection pour mon cousin âgé d'à peine quatre ans. Amarok. C'est dingue de voir à quel point les liens du sang peuvent se révéler puissants. Grâce à lui, je suis passé du statut de gosse insupportable au statut d'aîné. En tout cas, dans ma tête. D'un coup, d'un seul, j'ai grandi. À son contact, sans encore savoir que nous étions frères, j'ai appris le sens des responsabilités. T'as déjà connu ça toi ? Ce moment à part quand ton cœur se remplit d'amour, puis que tes vides se comblent d'eux-mêmes. J'en souris encore. Parallèlement, mon oncle m'a inscrit au collège. The middle school. Je te jure que ça m'a pas fait marrer. Que je me suis révolté, autant que j'ai pu. Avec hargne. Faisant de mon mieux pour le convaincre de changer d'avis. De renoncer. Seulement, Chayton Donoma n'était pas homme à se laisser impressionner. De sa hauteur de chef de réserve, habitué à ce qu'on l'écoute et qu'on le respecte, il a su trouver les mots. Autoritaire. Tel un faiseur de loi, de pluie et de beau temps se revendiquant intègre, méprisant l'injustice. Dommage qu'un secret de famille vieux de vingt ans soit venu bousiller la belle image que je gardais de lui. Soumis, j'ai obéis. Ne trouvant rien à redire, calmant mes ardeurs en plongeant sérieusement le nez dans mes études. Ma tante m'épaulant, me soutenant. Comme une seconde mère, me remplissant de gratitude, j'aurai tant voulu la remercier pour m'avoir accueilli sous son toit.
Puis il a fallu rentrer, quitter mes copains, mon cousin, ma famille d'adoption. Retrouver les misères d'une vie tissée de mensonges. Est-ce que tu sais que le peuple Cherokee est pacifique ? Moi j'avais envie de tuer. L'art du scalpe, ça te parle ? Il s'agit d'une pratique guerrière qui consiste à arracher tout ou en partie, le cuir chevelu d'un adversaire. Mort, ou vivant. Putain. J'en rêvais. Si au cours des premières heures, jours, semaines après mon retour je me suis tenu à carreau, rapidement mes mauvaises habitudes ont repris le dessus. Chassez le naturel, il revient au galop. Ouais. On m'avait arraché au peu d'équilibre que j'avais réussi à trouver, j'allais me venger. Ma mère sentirait passer sa douleur, j'en avais marre.
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Young boy I’m leaving home (all alone) On the rez I grew up unknown (with my stone) The world said I couldn’t be king (they disown) But in the city I can see a throne Feeling like/ the king of the dammed in a kingdom of sand…
J'ai fait mon temps au collège, évitant de chercher les emmerdes. En dehors de bagarres sans gravité et de devoirs rendus en retard, on a rien eu à me reprocher. Malgré mes résultats moyens mais pas catastrophiques, je suis entré au lycée. C'est là que tout a dérapé, marre, marre, marre.
J'ai fait des rencontres. Des mecs comme moi, qui me ressemblaient. Noirs, jaunes, beurres. Je te choque ? Me la fait pas. C'est peut-être pas de cette façon que tu nous appelles quand tu nous toises ? Toi, avec ta gueule de Blanche-neige. Tes yeux trop clairs. Tes cheveux blonds. Me prends pas pour un con. Le peau rouge que je suis sait reconnaître le mépris. Mon discours s'est durci, à chaque insulte je répondais pas des coups. Engrenage infernal dans lequel mes nouveaux potes m'entraînaient. Sans merci ni pitié. Subissant leur influence nocive, je m'enfonçais. Cent fois, j'ai entendu ma mère pleurer la nuit. Mille fois, j'ai cru la rendre folle. Avec mon look de mauvais garçon, bandana, sweat graffé à capuche, blouson en jean aux manches déchirées, le pendentif en forme de tortue ne quittant jamais mon cou et ses rebords aussi coupants qu'une lame de rasoir . Et après ? J'étais tel que ses mensonges m'avaient façonné. On a commencé à tabasser d'autres mecs, à foutre le bordel en classe, à mettre à mal les règles. Mes notes ont chuté, je glandais. Le soir, au lieu de rentrer, je traînais en ville. Lançant et relevant des paris débiles rien que pour le plaisir de sentir l'adrénaline monter d'un cran. Puis, on a fini par mettre le gymnase du lycée à sac. Apothéose. Papier toilette, bombes de peinture molotow, casse, détérioration de matériel, un carnage. Hors de contrôle, borderline, en mal de repères, je me débattais contre mes démons intérieurs.
Pour en arriver là : 16 ans, et direction la maison de redressement. Point de non-retour atteint. Signifiant un passage obligé par les cases arrestation, justice, tribunal pour enfants. Direction l'enfer. Dans tous les sens du terme, à m'en faire chialer.
« Joie et chagrin, plaisir et tristesse nous habitent alternativement, tout comme le jour et la nuit, la vie et la mort. Si tu souhaites progresser spirituellement, considère-les comme les deux rives d'un fleuve qui coule dans le même sens.»
Sagesse amérindienne
Attends, je te dresse le topo. Tu vas halluciner. Vas-y, essaie de te projeter. Fais l'effort de visualiser ces foutues structures d'hébergements collectifs. Dans des centres éloignés de la ville, isolés, paumés au milieu de nulle part. Avec des adolescents y vivant en totale autarcie. Leur but ? Sur le papier, on t'explique comment on va te remettre ton gamin sur les rails par le biais d'activités éducatives et pédagogiques. Officieusement, on les mate, dresse, brise en leur infligeant une rééducation sévère. Style travaux forcés, sport intensif, punitions diverses et mauvais traitements. Regarde, regarde bien ces marques indélébiles sur ma peau.
...Building castles as my freedom expand Just to watch them fall down as the tides roll in I’ve never seen a storm come with idle wind And so I’m Idle No More rap the plight of the poor…
Deux ans, j'ai croupi deux ans dans cet enfer. Enfermé. À côtoyer des meurtriers, des violeurs et des drogués. Sans voir la lumière du jour autrement qu'au travers de fenêtres à barreaux. Pire qu'un cauchemar éveillé. On m'en a fait baver, de toutes les manières possibles et imaginables. Aussi bien au niveau du personnel encadrant que des autres pensionnaires. La peau trop brune. Des cheveux de jais. Moi et ma fierté, préférant crever plutôt que de baisser les yeux. T'as eu vent des statistiques ? 99 % des jeunes qui ont séjourné dans ces maisons de correction en sont ressortis encore plus instables sur le plan psychologique. La suite te le confirmera. L'ordre des choses à d'abord voulu qu'on me fasse monter à bord d'un car pour me conduire au centre des terres. Pas âme qui vive à moins de vingt bornes à la ronde. Abandonné. Livré au bon vouloir de mecs sadiques, prônant la loi du plus fort. Chambres et douches communes. Je compte plus les fois où des mecs en manque m'ont coincé dans un coin pour tirer un coup. Mauvais calcul les gars, j'ai ni la carrure ni l'âme d'une victime. Je dis pas que j'ai pas eu peur, que j'ai pas eu envie de creuser un trou pour disparaître. Parfois, c'est passé tellement près. Je sens encore leurs mains, leurs doigts s'enfonçant dans ma peau, le froid du carrelage me glaçant le sang. Les foies, je les ai eu plus souvent qu'à mon tour. Mais jamais, jamais ils ne sont parvenus à leurs fins. Pourquoi, si je le savais. On a qu'à dire que la chance a joué en ma faveur, ou plus spirituellement que le Grand Esprit à tout simplement veillé sur moi. Depuis, j'évite de tourner le dos à un mec.
L'ordre des choses, a ensuite voulu qu'on m'enseigne la vie en société. Tu désobéis ? On te fout à l'isolement. Tu te retournes contre la main qui te nourrit ? Tu te prends cette main dans la gueule. Tu refuses de tendre l'autre joue, on te laisse méditer dans le noir. Prisonnier d'une piaule de trois mètres carrés. Une paillasse sur le sol, des murs suintant d'humidité, la vermine te courant dessus. Je compte plus les fois où on m'a traité comme si j'étais un sous-homme, à me laisser crever de faim. Les fois où on m'a frappé, battu. Les fois où j'ai eu des poussées de fièvre si monstrueuses que j'ai cru ne pas m'en sortir. Les fois où on m'a collé sous l'eau gelée en plein hiver, où à bout de force il m'a fallu défendre mon territoire, où j'ai chialé tellement j'en pouvais plus. Puis il y a eu la fois de trop, la fois où on a coupé mes cheveux à l'aide d'une paire de ciseaux.
J'ai cru mourir. Ils n'avaient pas le droit. Je les haïssais. Qu'est-ce qu'ils espéraient prouver ? Alors j'ai fugué. Laissant derrière moi le peu d'affaires qu'il me restait. Une nuit, j'ai quitté le dortoir. Une nuit d'angoisse, j'ai forcé la serrure du bureau de Monsieur notre connard de directeur. Une nuit sans lune, j'ai volé les clefs de la porte d'entrée et je me suis tiré. Sans me retourner, le cœur battant à tout rompre.
...Cuz educated warriors are vital to war And we battling oppression/ got me stressing Wondering if I’ll ever learn my lesson Cuz I can’t let me people go (oh no) And I can’t let my weakness show (You’ll never know)...
Pour sûr, je retenais la leçon. 18 ans. J'ai couru comme un malade pendant des kilomètres, m'écrasant au sol sous le poids de la fatigue mais me relevant encore et encore et toujours. Terrorisé à l'idée d'être rattrapé par ces gens, ces monstres aux visages pâles. Ne pouvant pas rentrer chez moi parce-que la première chose que ces enfoirés feraient ce serait de contacter ma mère. Elle et ses lettres que je n'ai pas lu. Elle.
Finalement, j'ai atteint une route. Au matin. Un type m'a chargé dans sa caisse. Inquiet de mon état, pas loin de la loque humaine, il a posé des questions. Questions auquel seul le silence a répondu. Gentiment, il a touché mon épaule et ça m'a effrayé. J'ai cru que…qu'il voulait…les blancs sont mauvais. Mauvais, mauvais, mauvais. Recroquevillé sur mon siège, je me suis contenté de regarder défiler le paysage. Comme quand j'avais douze ans et qu'on m'emmenait chez mon oncle. La tête appuyée contre la vitre, les vibrations de la route me berçant. Jusqu'à m'endormir. Seul. En quête d'un avenir meilleur. L'espoir au bord des lèvres. Des plombes plus tard, je débarquais à Murdo. Une ville, enfin, un patelin fondé en 1908. Se trouvant à une poignée de kilomètres de la réserve. Personne ne viendrait me chercher ici, personne. Pas dans un endroit comptant un nombre si peu élevé d'habitants. Sans un sous en poche, le ventre creux, tenant debout par habitude, je me suis installé dans un squat de fortune. C'est là qu'il m'a trouvé. Ce junky qui a vu en moi la proie idéale, une source de revenus faciles. Faute de bouffe, il m'a filé une dose de poudre. Pour me retaper. Pour me remettre sur pieds. Tu sais, il avait un ton rassurant. Je me suis pas méfié. Son teint bronzé m'a inspiré confiance, il a dit : “T'en fais pas, la galère ça me connaît. On va s'entraider. Tu rembourseras quand tu pourras frère.”
Une dose, puis une autre, et une autre, une autre, une autre, une autre. Ainsi de suite, à m'en rendre accro. Et le sauveur s'est transformé en créancier de la pire espèce. Dépendant de lui, j'ai commencé à voler. Pour me faire du fric. Spirale infernale. Plus je payais, plus les prix augmentaient. Il me tenait. Je me sentais...désemparé. Quoique trop défoncé pour réagir. Sueurs froides, manque, impression de suffoquer, incapable de fermer les yeux, plus que l'ombre de moi-même, je me serai vendu pour un gramme de cocaïne. Le dégoût, la honte, des larmes qui ne coulaient plus, la sensation de déshonorer les miens, de me perdre, ça plus le reste, ce qui faisait mal, m'a précipité au fond du gouffre...No one understands me like my people/ these white kids don’t know my struggle. I ain’t equal in their eyes and their intolerance brings me troubles/ I’m not/Their noble savage/ doing damage/ to their perception of who I am. Self-destruct when I self-construct my own plan/ of my identity/ from their affinity to raping culture/ they rape the land...Mon quotidien virait au remake d'un film de seconde zone. Heureusement, les flics sont intervenus avant qu'il ne soit trop tard.
J'en reviens pas d'avoir pensé un truc pareil. Dire merci à ces mercenaires du gouvernement, et pourtant. Sans eux, on m'aurait sûrement retrouvé mort dans un fossé ou en train d'arpenter un trottoir. Là, je m'en sortais à moindre frais. Avant de tomber dans d'autres joyeusetés, genre prostitution, braquage, ou je ne sais quoi. Un mois après ma fugue, on me jetait en taule. Majeur, jugé comme un adulte. Coupable de vol à l'étalage, de vol de voitures, de vol à la tire. On m'a mis dans une cellule avec un autre mec, un latino. Sympa. On s'est tout de suite bien entendu, grâce à lui j'ai tiré mes deux ans sans me faire d'ennemis. Enfin, pas plus que de raison. Il m'a expliqué les lois en vigueur, briffé sur la hiérarchie à respecter entre détenus. Il m'a montré les gars à éviter, ceux à remettre en place s'ils venaient me chercher des noises. L'avantage, c'est que mon passage en enfer, dixit la maison de redressement, m'a appris à ne jamais montrer mes faiblesses. Et que mon séjour dans la rue, m'a appris à apprécier le fait d'être logé et nourri, quelque soit l'endroit. Celui-ci n'a pas été le pire. Puis le toubib de la prison a tenu à me suivre. Examen médical à l'entrée, sur ma fiche on a tamponné la mention toxico. Elle, ouais, elle. Elle m'a refilé un traitement de substitution. Au début, je l'ai pas pris. Préférant trouver ma dose en échange de certains services qu'on me demandait de rendre. Sauf que ça n'a pas fait long feu. Attendre le bon vouloir de types changeant la donne au jour le jour, redéfinissant nos accords selon leurs humeurs, ma causait plus de tort qu'autre chose. Trois ou quatre fois, je me suis retrouvé dans un état d'extrême fatigue à cause du manque. Aux limites de la dépression. C'est comme ça que tout a commencé entre-nous, elle et moi.
J'avais jamais regardé une femme comme je l'ai regardé elle. Jamais j'avais ressenti une telle attirance, jamais on avait pris soin de moi comme elle l'a fait. Une blanche. Une blanche... Susan. Au vu de ma dernière crise en date, elle m'a fait transférer à l'infirmerie. Pour me mettre sous perfusion, pour essayer de me sortir de cette merde d'addiction qui me tuait de l'intérieur. Quand j'ai ouvert les yeux, je l'ai trouvé assise à côté de mon lit. Dans une pièce isolée, sans gardiens. Je crois qu'elle savait que je ne lui ferai pas de mal. Elle a pris ma main, en souriant. J'ai vu ses lèvres bouger, mais j'ai pas voulu écouter.
Elle a dit : « Pourquoi ne prenez-vous pas votre traitement ? 19 ans, c'est un peu jeune pour mourir. Vous ne croyez pas ? »
Elle a relâché ma main pour prendre mes constantes. Professionnelle. J'ai tourné la tête pour ne plus la voir, le souffle court. La respiration douloureuse. Troublé par ce que je ressentais, embarrassé par la chaleur confuse se propageant dans mon corps. J'avais aucune expérience dans le domaine, novice. Jusqu'ici, les filles je les évitais par prudence. Les comparant à ma mère, tellement je m'en faisais une image pas très reluisante. Ma mère, et ses mensonges. Ma mère qui sans que je le sache, me réservait encore le meilleur. La pire des trahisons. Puis honnêtement, je craignais par-dessus tout de reporter ma colère sur une éventuelle petite copine. Alors en quoi est-ce que c'était différent avec elle ? Sur le ton le plus doux au monde, sa voix est revenue me bouleverser.
Elle a ajouté : « Howahkan, les risques sont réels. À terme, la drogue vous rendra irrationnel, agressif. Sans parler des maux de tête, des vertiges, des tremblements, des contractions musculaires. Vous voulez que je continue ? La liste des effets secondaires est longue et effrayante. Dîtes-moi, ces marques sur votre peau d'où elles viennent ? Elles sont trop anciennes pour avoir été faites ici.»
J'ai haussé les épaules, en murmurant maison de correction. Quelques jours plus tard, une fois stabilisé, on m'a renvoyé dans ma cellule. Amoureux. Confus. Les mois sont passés, je ne savais plus être heureux. Ce qui aurait dû me réjouir, me plombait. Parce-que pour nous, il n'y avait pas d'issue. On s'est revu, tous les jours. Visite obligatoire, pour s'assurer que mon sevrage se passait dans de bonnes conditions. Mais pas que. Suite à des altercations musclées, des séjours au mitard, avec obligation de me recoudre et de me remettre debout. Et le moment de la libération s'est pointé. D'un baiser, j'ai dit adieu à Susan. Un baiser qui me brûlera les lèvres le restant de mon existence. De mon pouce, j'ai essuyé la larme roulant sur sa joue. On avait pas le droit d'être ensemble, ni entre ces murs ni en dehors. Je l'aimais, je l'aime toujours. Susan.
...I got this AB Original soul I got this pain that I can’t shake/ ties to my people I can’t break Got this history in my blood/ got my tribe that shows me love
Susan et ses vingt-cinq printemps. Susan qui m'a appris que l'amour se partage et qu'il se consume loin de toute violence. La femme dont le cœur a fait de moi un homme entier.
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« Ma main n’a pas la même couleur que la tienne, mais si je la perce, j’aurais mal. Le sang qui en coulera sera de la même couleur que le tien. Nous sommes tous deux enfants du Grand Esprit.»
Standing Bear (Oglala)
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À ma sortie, je venais juste d'avoir vingt ans. Pas très équilibré. Secoué par la brutalité de tout ce que j'avais vécu. Le cœur en miettes. Méfiant envers la société, j'ai eu la surprise improbable de trouver devant la prison un homme s'appelant John. Il a dit qu'on l'envoyait pour s'occuper de moi, pour s'assurer que je ne récidiverai pas. Fatigué, je l'ai laissé me ramener chez ma mère. Sourd à ses discours. Anxieux. Quatre ans que je n'étais pas rentré à la maison, parmi les miens. Quatre ans. Quel serait leur accueil ?
« Avant que les blancs ne viennent ici pour nous civiliser, nous n'avions pas de prison, pour la simple et bonne raison qu'il n'y avait pas de délinquants. Nous n'avions ni serrures, ni clés. Quand une personne était trop pauvre pour se permettre d'avoir un cheval, une tente, ou une couverture, il recevait tout cela en cadeau. La valeur d'un être humain n'était pas déterminée par sa richesse.»
John (fire) Lame Deer, Sioux 1903-1976
Sauf que j'ai réalisé que les blancs, ces blancs que j'incriminais, n'étaient en rien responsables de mes mauvais choix. Tardivement. Au fond, qu'avais-je fais moi pour apporter aide et soutien aux autres ? Le fait est que rien ne me distinguait d'eux, ni pire ni meilleur. Héritier d'une haine se conjuguant à des temps tels que l'abandon et le mensonge, j'avais forgé ma propre perte. À mon retour, je me souviens de m'être jeté dans les bras de ma mère afin d'implorer son pardon. Sanglotant contre elle, me montrant si fragile. En demande d'amour, de protection. Alors, elle m'a fait asseoir sur une chaise. Puis elle s'est agenouillée devant moi, serrant mes mains entre les siennes avant de les porter à ses lèvres pour les embrasser. Et là, elle s'est mise à pleurer. Sa tête se posant sur mes genoux, confessant sa faute. Faute d'une nuit, erreur d'une vie. Piteusement, après vingt ans de secret elle m'avouait que Chayton Donoma n'était pas mon oncle mais mon père. Choqué, écœuré, je l'ai violemment repoussé.
Incapable de parler. Pourquoi maintenant ? J'ai pas compris ses motivations. Quand je me suis relevé, la chaise a basculé en arrière dans un bruit sourd. Ma tête s'est mise à tourner. Mes oreilles ont bourdonnées. Des points lumineux sont apparus devant mes yeux. L'estomac à l'envers, je suis resté à la dévisager. Une minute, peut-être deux. Avant de courir m'enfermer dans ma chambre...I let my braids sway, before my culture die. I let my heart bleed, I consult the sky. I ask my grandfather "Why?" as I say my cry. They say "Lakota boy, time to defend or die!"...J'ai viré mes fringues. Passé, enfilé un pantalon en toile. Noué autour de ma taille un pagne à l'aide d'une ceinture. Paré mon cou d'un collier, torse nu, les bras cerclés de bracelets cordés. Le visage peint de rouge, les cheveux tressés. Besoin de renouer avec les traditions, d'invoquer les esprits, de me rappeler d'où je viens et quel sang coule dans mes veines. Pendant trop longtemps, je me suis oublié. Égaré. Au lieu de sortir par la porte, j'ai fait le mur. La fenêtre m'a montré le chemin conduisant aux plaines. Rien que moi, le ciel et un feu. Assis en tailleur à même la terre, terre sacrée. Cherchant à renouer avec la nature, les éléments. Les yeux fermés, à l'écoute. Entonnant des chants anciens. M'efforçant de percevoir au travers du vent, du cours de l'eau, du grondement du tonnerre, les manifestations de Wakan Tanka. Pour finir par tomber d'épuisement, physique, moral. Endormi.
...I'm praying for the knowledge to make it through college With the world on my back, yo the challenge is ours The path will be found for those who stray And the answers will come to those who pray...
J'ai rêvé des troupeaux de bisons traversant la plaine. J'ai entendu l'écho de leurs sabots s'enfouir dans les brumes de mon sommeil agité. J'ai vu mes ancêtres les pourchasser. J'ai senti le sol trembler, frémir. Et à l'aube naissante, mes yeux se sont rouverts sur un grand chasseur blanc. John. Putain, il était tuteur ou traqueur ce con ? Avec son crâne chauve, luisant. Son regard bleu perçant, son sourire mystérieux, ses attitudes limites inquiétantes. Un couteau coincé dans sa pompe. Lentement, je me suis redressé pour m'asseoir. C'est là qu'il a ouvert la bouche, qu'il a articulé chaque mot, qu'il a fait preuve d'une conviction si écrasante que je n'ai pas pu faire autrement que de lui accorder ma confiance. Puis ses bras se sont écartés, et il m'a parlé.
- « Qu'est-ce que tu fiches ici gamin ? Ta mère m'a appelé en plein milieu de la nuit, complètement paniquée. Elle croyait que tu avais de nouveau fugué. Alors je lui ai répondu que non, que tu n'aurais jamais fait ça. Tu sais pourquoi ? Parce-que même si tu lui en veux, parce-que même si tu es en colère, tu ne veux plus la décevoir. On a qu'une mère mon garçon, la mienne m'a abandonné. Pourtant, je lui ai pardonné. On ne peut pas vivre en restant bloqué dans le passé, tu dois aller de l'avant.» - « Je ne suis pas un gamin ! Et votre mère elle au moins ne vous a pas menti durant toute votre vie. C'est de leur faute si j'en suis là. Elle vous a dit que mon père n'a pas voulu de moi ? » - « Qu'est-ce que tu es alors si tu n'es pas un gamin ? Un homme peut-être ? Mais un homme ne se sauve pas par la fenêtre, un homme se contente de passer par la porte. Crois-moi, je comprends ta colère. Seulement, tu ne connaîtras pas de meilleurs lendemains si tu continues à t'enfoncer dans cette voie. Combien de temps vas-tu encore faire porter le poids de tes erreurs à tes parents ainsi qu'au reste du monde ? Il est temps de grandir.» - « Sauf que pour les peaux rouges le monde n'existe pas en dehors de cette réserve. C'est facile pour vous, vous êtes...» - « Blanc. Oui, je le suis. Je n'ai pas choisi, je suis venu au monde tel que Dieu m'a fait. Est-ce juste selon toi de me le reprocher ? Pourtant, tu sais ce que c'est d'être victime de racisme. Howahkan, la voix mystérieuse. Est-ce que tu as déjà envisagé de pratiquer un sport de combat ?»
Il a baissé les bras, et il m'a souri. Puis il m'a fait signe de me lever, sans plus discuter je l'ai suivi...It's time to grow up...quand j'y pense, ce type n'était vraiment pas fait comme les autres. Le lendemain, meilleur ou pas, je ne me suis pas penché sur la question, je me retrouvais dans une salle de boxe. Le coach était justement un pote à John. Le hasard ou un signe du Grand Esprit, en tout cas, c'est le sport que j'ai choisi.
Les semaines ont défilées, tandis que Jacob m'apprenait à me canaliser à coup de poings sur un sac de frappe. Jacob ou ce gars extraordinaire, patient, compréhensif. Un blanc lui aussi. Et une salle débordant de gosses à mon image. Je me sentais bien dans cet environnement. De son côté, John a poursuivi un travail de fond. Plus épanoui, moins craintif, ouvert, je marchais dans leurs traces. Me faisant de nouveaux copains, des jeunes bien sous tout rapport. Sains. Pour changer. Plus réfléchit, moins impulsif, je retrouvais doucement un rythme de vie normal. De sorte qu'à 21 ans, j'ai quitté la réserve pour m'installer à Kennebec dans le comté de Lyman. John m'a aidé à dégoter un petit boulot, sans prétention. Comme caissier/pompiste dans une station service. Rien de glorieux, mais le patron, un amérindien, était cool. Sa fille encore plus. Elle venait régulièrement pour aider, et plus si affinités. Musicienne, promise à un bel avenir, j'en doutais pas au vu de son talent, Aquene m'a offert une parenthèse de paix. M'apprenant l'art de la luxure sous toutes ses formes et me formant à l'amour charnel, à la verticale comme à l'horizontale. Pas du tout offusquée qu'un homme de mon âge fasse ses armes avec un temps de retard sur les autres. Pour tout te dire, ça l'a même amusée.
Je crois, non je sais. Que je l'ai vraiment, sincèrement aimé. Pas comme Susan, mais avec autant de force. Une force tranquille, sereine. Entre-nous, c'est rapidement devenu sérieux. Elle m'accompagnait à la salle, passait des heures à me regarder boxer, me donnait toutes ses nuits et moi, je m'apaisais. On se complétait, au point qu'elle a su me communiquer son goût pour la musique. M'apprenant à jouer de divers instruments, piano, flûte traditionnelle, guitare. J'aurais tant voulu que cette période dure toujours, avec elle, Jacob et John. Tout aurait pu être si parfait, s'il ne m'avait pas manqué l'essentiel. Mon frère. J'ai pas compris d'où ce manque a resurgi. Le truc de sûr, c'est que j'avais besoin de lui. Besoin de lui dire que son père était aussi le mien. Alors, je me suis mis à lui écrire. Régulièrement. Des lettres auxquelles je n'ai pas eu de réponse.
L'air de rien, ça m'a blessé. Après, Amarok ne devait pas se souvenir de moi. La dernière fois qu'on s'était vu, il avait à peine quatre ans. Comment lui en vouloir ? Si bien, que j'ai attendu mes vingt-cinq ans pour trouver le courage d'aller le rejoindre en Oklahoma. Dire adieu à Aquene a été la chose la plus douloureuse qu'il m'ait été donné de faire. Elle ou mon petit frère. J'ai tranché.
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Selon les enseignements de Jacob et John, j'ai tenu mes promesses. Réfléchir avant d'agir, peser le pour et le contre. Faire les choses dans l'ordre, correctement. Comme un homme, je suis sorti par la porte. Et avant de quitter le Dakota, permis en poche et au volant d'un pick-up d'occasion, j'ai fait un détour par la réserve. Pour y voir ma mère, lui expliquer les raisons de mon départ. Me moquant d'obtenir son consentement, juste histoire qu'elle sache. Ceci fait, j'ai pris la route. Avec pour seuls bagages, mes vêtements et la guitare d'Aquene. Puis j'ai roulé. Sans m'arrêter. Sans dormir. Sans manger. L'urgence de la situation me tordant les tripes. Une fois sur place, je me suis installé dans la réserve Cherokienne de Tulsa. À proximité de mon frère, quelques maisons plus loin. Suffisamment proche pour m'attirer les foudres du si respectable Chayton Donoma. Et comme je m'en doutais, les menaces n'ont pas tardé à fuser. Lâche, hypocrite, dégueulasse, il m'a rendu les lettres écrites à Amarok. Celles dans lesquelles je lui racontais mon séjour à Tulsa l'année de mes 12 ans. Celles où je lui parlais de tout et de rien. Celles où je lui faisais comprendre que je l'aimais, que j'étais là, que j'existais. Celles où je lui expliquais les épreuves traversées, les doutes, les moments de découragement m'ayant ramenés jusqu'à lui. Mais je savais que mon oncle, mon père, Chayton, n'hésiterait pas à me pourrir la vie si je refusais de garder le silence. Ancien taulard, drogué, môme maltraité, ce ne serait pas compliqué pour lui de me démolir. Alors, j'ai obtempéré. Encore. Baissant la tête, et les yeux se remplissant d'une eau acide. Acide à lui cramer la gueule et par pur esprit de contradiction, j'ai appris à parler le Cherokee.
Pour mon frère, je suis resté le cousin éloigné. Celui du Dakota. Presque un étranger, indésirable au sein de sa famille. Cette douleur là, je ne la souhaiterais pas à mon pire ennemi. J'en ai passé des nuits blanches, à me retourner dans mon lit. Ne voulant pas causer de tort à Amarok. Ne voulant pas non plus continuer à vivre dans le mensonge. Souvent, j'ai appelé John. Souvent, j'ai regretté de ne plus pouvoir aller me réfugier dans la salle de Jacob. Tout le temps, l'absence d'Aquene m'a collé à la peau. Sans eux, je sentais la colère dangereusement reprendre le contrôle. Pourtant, j'ai lutté. Soucieux de ne pas y succomber. Et j'ai gagné.
Oui. J'ai gagné. Respect, honneur, discipline. De mes erreurs, j'avais appris. Alors, pour poursuivre les efforts et progrès déjà accomplis, j'ai repris la boxe. Doué, je pense que j'aurais pu faire carrière. Seulement, je sais pas. J'avais envie d'autre chose, de tout sauf de violence en fait. C'est sûrement pour cette raison que j'ai pris une nouvelle direction en jouant de la guitare dans la rue, dans tous les lieux publics où on m'y autorisait. Sous mes doigts, les vibrations des cordes me rappelaient les frémissements voyageant à la surface de nos corps. Le sien, se cambrant contre le mien. Aquene, Aquene, Aquene. Puis, comme à Kennebec, je subsistais grâce à de petits jobs. Ceux qu'on voulait bien me donner, à moi, un Sioux. Gardant de loin un œil sur mon frère, sur lui et son petit copain. Ouais bon, j'avoue que ça m'est arrivé quelques fois de suivre Amarok. Mais pas pour l'espionner. Juste pour le protéger, assurer ses arrières. C'est comme ça que j'ai découvert qu'il voyait cet autre gosse, un japonais. Il me semble. Tu veux savoir si ça me choque d'avoir un frère homo ? Non. J'ai bien attendu 21 ans pour devenir un homme. En revanche, ça m'a fait flipper. Je pouvais rien dire, j'avais aucune légitimité. Que dalle. Je me voyais pas me pointer devant eux, leur dire que j'étais au courant de leur liaison. Que j'avais dérouillé des mecs qui les regardaient de travers. Que je me faisais du mouron. Sans compter qu'à force de jouer les tampons, j'allais finir par m'attirer des ennuis et j'avais pas envie de retourner en cabane.
Alors comme pour le reste, j'ai rien dit. La vie a suivi son cours, me laissant dans l'ombre de mon frère. Deux ans plus tard, Chayton a pris la décision de faire déménager sa famille en Irlande. D'un coup, sans prévenir. Me mettant au pied du mur, m'abandonnant encore. Mais je l'ai accepté. Du mieux que j'ai pu, si mal en réalité que plusieurs fois par jour j'envoyais des mails. Des mails, comme mes lettres. Restés sans réponse. Peut-être que j'aurais dû en profiter pour recommencer à vivre. Pour moi. Voir des filles, sortir, m'amuser. Sauf que ça me ressemblait pas. Faute de quoi, j'ai engagé des démarches afin d'obtenir un passeport. Un mois plus tard, je débarquais à River Crow. Sac à dos et guitare en main.
Aujourd'hui, je crèche dans un HLM. En plein dans les quartiers sud. Les quartiers chauds. Pas que ça me plaise, seulement j'ai pas les moyens de m'offrir un logement plus décent. Tu me diras, ça me va bien. Au fond, je me sens dans mon élément, c'est triste à dire. Avec ça, je me suis mis à boire un peu trop et à fumer de plus en plus. La clope, ça me détend. L'alcool, ça m'aide à oublier ce dont j'ai pas envie de me souvenir. Puis ça me donne du courage pour retrouver Amarok, et tout lui avouer. J'ai bien trop peur de le perdre encore, de le voir disparaître. Je dois lui parler. Je le dois. Sauf que pour l'heure, j'ignore où le trouver. Tout comme j'ignore quel drame vient de le frapper, et ce que les murs de cette ville sont supposés garder enfermé...
« Avant de juger son frère il faut avoir marché plusieurs lunes dans ses souliers.» Proverbe amérindien
De la main de Vladimir S. Zubrosky signé le Dim 21 Aoû - 15:44
Un hétéro.. quel dommage de voir un si bel être être du mauvais côté. Je me demande si je ne pourrai point vous convaincre d'embrasser une autre vérité. Qui sait ? J'espère vous retrouver bientôt en jeu, mon jeune ami.
De la main de Phannen O. S. Kirstensson signé le Dim 21 Aoû - 16:05
Re-bienvenue dans notre réalité mon cher... j'espère que vous garderez longtemps votre vie humaine et qu'elle sera préservée des dangers de cette ville aux mains des plus étranges.
Howahkan Omawnakw
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De la main de Howahkan Omawnakw signé le Dim 21 Aoû - 17:13
Merci beaucoup pour cet accueil bis bis +
Vlad, oui XD Hétéro, à 100 % L'homme de ma vie, c'est mon frère. Maintenant, libre à toi de tester ton pouvoir de séduction et de persuasion. Ca pourrait être drôle Je suis complètement open pour un lien.
Phannen, je l'espère aussi
Vladimir S. Zubrosky
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De la main de Lucan Mac Gabhann signé le Dim 21 Aoû - 20:50
Moi je dis, une perruque, un soutif rembourré et un peu beaucoup d'alcool, il y verra que du feu !
Faudra qu'on s'arrange pour des cours de musique toi et moi
Howahkan Omawnakw
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De la main de Howahkan Omawnakw signé le Dim 21 Aoû - 21:26
Toi tu dis rien ! Nan mais oh XD Va pas donner des idées à Vlad
Pas de soucis pour les cours de musique Faut juste que je me mette d'accord avec moi-même pour savoir de quels instruments je vais jouer. Quoique, j'en ai déjà une idée xd
Vladimir S. Zubrosky
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De la main de Vladimir S. Zubrosky signé le Lun 22 Aoû - 10:50
Tu veux de moi au moins pour la validation ? Après je te présenterai une jeune femme si tu veux.
Howahkan Omawnakw
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De la main de Howahkan Omawnakw signé le Lun 22 Aoû - 11:31
Roh, mais oui XD
Amarok Donoma
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De la main de Amarok Donoma signé le Mer 24 Aoû - 12:18
Encore merci pour avoir accepter d’interpréter le personnage. Bon courage pour ta fiche et encore une fois, si jamais tu as besoin d'information n'hésite pas. Le début est vraiment sympa.
Howahkan Omawnakw
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De la main de Howahkan Omawnakw signé le Mer 24 Aoû - 12:33
Je t'en prie, le plaisir est partagé. Tu le sais^^
Ton Pv me faisait de l'oeil depuis sa création, alors Puis tant mieux si mon début te plait, c'est pas que j'ai un peu de pression mais presque XD Et pas de soucis, je te mpote en cas de besoin
De la main de Léandre McGuiness signé le Ven 2 Sep - 8:55
Validé !
J'avais commencé de lire hier, j'ai continué en rentrant du taff et terminé ce matin. Ca va plus vite comme ça.
Et bien que te dire ? Pas grand chose. Chouette fiche, chouette personnage. Bref j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture en tout cas. Bon en toute franchise j'ai trouvé la partie "maison de correction" un peu trop brutal en sachant qu'il s'agit la d'adolescent et un peu abusive aussi. Je pense que si il avait été en taule, oui, ça aurait été possible, mais là je voyais des ados sorti tout droit de l'enfance se faire maltraités et j'ai trouvé ça glauck. C'est peu dire. Mouai tu me connais, maltraitance enfantine c'est sujet sensible pour moi. Mais mis à part ça ta fiche est excellente. ^^
Tu connais la maison je te ressort pas le charabia avec les liens. XD
Howahkan Omawnakw
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De la main de Howahkan Omawnakw signé le Ven 2 Sep - 9:22
Merci beaucoup
Pour te répondre à propos de la partie "maison de correction", mon passage est volontairement abusif. Parce-que malheureusement, ça été pendant bien trop longtemps une réalité. J'ai fait des recherches, tu sais que je n'écris jamais rien au hasard XD Et j'avoue avoir volontairement forcé le trait pour coller à l'ambiance. Et oui, je sais combien le sujet est sensible pour toi. Mais ça va donner de la matière à ta blonde empathique
Pour le passage prison, j'ai eu une autre source d'informations *tousse*
En tout cas, je suis ravie que ma nouvelle tête te plaise
Vladimir S. Zubrosky
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