Vous voulez à présent que je vous  parle de mon caractère ? Bien, cela ne m'enchante  pas vraiment et rien que cela doit déjà vous donner un avant-goût du genre de personne que je suis, non ? Quoi qu'il en soit, puisque cela semble tant vous faire plaisir, je veux bien faire un effort. Tout d'abord, il faut que vous sachiez que bien qu'étant très courtois, je suis loin d'être sociable. Je ne suis pas un ermite qui passe son temps tout seul, mais j'avoue que si vous ne venez pas vers moi, ce n'est pas moi qui irait vers vous et ne prenez pas cela pour de la timidité, car je ne suis pas timide, c'est simplement que tout au long de mon enfance et de mon adolescence, j'ai été habitué à ne pas trop imposer ma présence aux gens, si bien qu'à présent, mon cercle d'ami est très restreint, quant à ma famille...mes parents sont morts quand j'avais vingt ans et je n'ai pas de frère, ni de soeur. Je suis quelqu'un d'honnête, franc, parfois un peu trop ce qui m'a entraîné de temps en temps dans des situations assez embarrassantes. J'ai un sens de l'honneur très prononcé, si je vous dois quelque chose, soyez assuré que je paierais ma dette jusqu'au dernier centime. Dans mes défauts, je pourrais citer, entre autre, le sarcasme, la rancune. Je suis un être très sarcastique qui croit plus au poids des mots qu'à la puissance des poings, même si, avec le "métier" que j'ai exercé, savoir se battre était indispensable. Lorsque j'ai, comme on dit, une dent contre quelqu'un, c'est vraiment très très rare que je lui accorde mon pardon. Qu'est-ce que je peux vous dire d'autre ? Je suis gourmand et gourmet, j'aime la bonne nourriture. Si je n'avais pas vu le jour au sein d'une famille de chasseurs, je serais probablement devenu cuisinier. Comme quoi,  votre carrière dépend souvent de la famille dans laquelle vous "arrivez"

Je m'appelle Jonas Frederickson et je suis un ancien chasseur...devenu l'esclave d'un vampire de mon propre chef. Surprenant n'est-ce pas ? Toutefois, n'allons pas trop vite en besogne, puisqu'il faut que je vous raconte l'histoire de ma vie, autant vous la raconter depuis le début. Je suis né  à Turkää. Mes parents étaient des chasseurs, il était donc logique que j'en sois un également. Ma formation débuta tôt, vers l'âge de dix-sept ans, je fus initié aux techniques de combats, on m'enseigna tout ce qu'il fallait savoir sur ma profession. J'étais un élève plutôt doué, ne renâclant jamais aux "devoirs", je voulais rendre mes parents fiers de moi, comme n'importe quel enfant du monde. Je ne leur ai jamais demandé s'ils l'étaient, donc je ne le saurais jamais, mais je le suppose...je l'espère. Quoi qu'il en soit, je savais bien qu'en consacrant ma vie à la chasse, j'allais avoir une existence sans doute un peu raccourcie et certainement dangereuse, mais après tout c'était assez excitant vous ne croyez pas ? J'étais un peu un jeune chien fou qui démarrait dans la vie.

A peine trois ans après le début de ma formation, mes parents périrent au cours d'une chasse. Naturellement j'en fus peiné, mais c'était là les risques du métier. A leur enterrement, je fis la promesse de les venger. J'ai passé les vingt-cinq années suivantes à traquer le monstre, oui car pour moi c'est tout ce que c'était,  responsable de la mort de mes parents. Naturellement, pour m'entraîner, j'en éliminais d'autres, mais mon but principal c'était l'assassin de mon père et de ma mère. Je réussi finalement à le capturer et je l'ai torturé pendant trois jours et trois nuits. Je me décidais ensuite à l'achever. Vingt-cinq ans après leur mort, mes parents étaient enfin vengés. J'aurai pu reprendre ma vie de chasseur, car même à quarante-cinq ans, j'étais encore très vif, mais il se passa quelque chose...une chose à laquelle je ne m'attendais pas. Alors que je me rendais dans une maison désaffectée qui servait de repère à certains chasseurs, il y en avait trois qui m'attendaient. Je ne me méfiais pas puisque je les connaissais, je pensais naïvement qu'ils voulaient fêter avec moi la fin de ma longue traque.  Et puis j'étais enfin de retour au pays, donc il y avait de quoi se réjouir.

Et bien je me trompais lourdement sur leurs intentions, ils me prirent en traître et me tendirent une embuscade. Je me retrouvais rapidement désarmé, et à leur merci. Se battre contre des créatures surnaturelles n'est pas du tout la même chose que de se faire surprendre par ceux que vous preniez pour des amis. Je voyais déjà ma dernière heure arriver, pourtant je tentais de me défendre comme je le pouvais, mais ils me maîtrisaient complètement. Alors que je pensais mourir, je fus sauvé par la personne la plus improbable, un vampire. Sincèrement, un vampire sauvant un chasseur, ça ressemble au début d'une mauvaise blague vous ne trouvez pas ? Pendant le reste du combat, je ne pouvais m'empêcher d'observer celui qui m'avait sauvé, d'ailleurs, le combat en question ne dura pas très longtemps. A la fin du combat, il se présenta comme étant Lucan Mac Gabhanni. La seule question que je posais à mon sauveur, c'était pourquoi, pourquoi m'avait-il sauvé ? Il aurait très bien pu participer au combat, après tout n'étais-je pas un de ceux qui tourmentaient sa race ? Il y aurait eu là l'occasion d'éliminer une gêne de plus, alors pourquoi n'en a-t-il pas profité ? Ayant un sens de l'honneur très prononcé, je déclarais au vampire que j'avais une dette envers lui. Ma vie n'étant pas gravé dans le roc, je pouvais en faire ce que bon me semblait et étant donné qu'il m'avait sauvé, je décidais de lui offrir purement et simplement ma vie. Je ne voulais pas mourir, mais à partir de cet instant, je me considérais à son service en tout ce qui lui plaira de m'ordonner.

Tout cela s'est passé il y a cinq ans et depuis ce jour, je lui suis resté loyal. Quelques jours après mon "serment", il  a fait de moi son esclave. Je vous vois grimacer, pourtant je ne me plains pas. Certes je n'ai plus la même vie qu'avant et d'ailleurs ma vie ne m'appartiens plus du tout, elle est à mon Maître désormais, mais je pense que c'est ainsi que cela doit être.  Il y a un an, nous sommes arrivés ici, à River Crow et, comment dire, même si mes conditions de vie ne sont pas trop mal étant donné mon "rang", les règles ici sont assez sévères,  le moindre manquement au règlement est sévèrement réprimandé, mais au moins je suis en vie et quasiment certain de le rester, enfin à condition bien sûr de ne pas agir sottement. De ce côté-là, je pense que mon Maître n'a pas à se plaindre, il m'arrive naturellement de faire quelques faux-pas, mais rapidement corrigés, je vous assure que vous n'avez pas envie de recommencer.

Ce genre de vie ne m'a pas vraiment laissé de temps pour des histoires sentimentales. Je ne suis attiré que par les hommes, j'ai eu quelques aventures rapides, mais ce n'est clairement pas mon souci principal.