On a beau être passioné d'art et d'Histoire, s'intéresser aux légendes diverses et variées qui accompagnent les œuvres et masquent les faits, quand nos parents ont l'esprit aussi cartésien que ceux de Lewis cela laisse des traces. Ainsi il est quelqu'un à l'esprit ordonné et méticuleux, ce qui se traduit par une tendance naturelle au désordre dans son logement, exact opposé de son esprit, qui essaye toujours d'étudier un sujet de façon objective avant de juger. Mais la Raison est faible devant la passion et parfois l'objectivité ne peut que s'incliner face a la subjectivité des sentiments. Dans ces cas là, Lewis est aussi démuni que tout un chacun face a ses passions, plus si ladite passion a de charmants atours féminins.  

En bon rat de bibliothèque, Lewis a toujours eu une certaine timidité qu'il a affronté en se forçant a se mettre en avant, bien poussé par ses proches, mais si cela lui a permis de mener une bonne scolarité et de séduire a quelques reprises, mais face a sa Rouquine, il suffisait qu'elle appuie la ou il faut pour que la timidité reprenne le dessus et qu'elle le mène par le bout du nez. Il n'est pas impossible qu'une telle chose se reproduise a l'avenir.

En dehors de ses études historiques ou artistiques, Lewis essaye de se détendre par la lecture et le cinéma. S'il est attiré par les œuvres classiques, le contraire eu été étonnant pour un homme intéressé par l'histoire et ayant grandis avec Alexandre Dumas, il n'en est pas moins passionné par la pop-culture de la fin du vingtième siècle et du début du vingt-et-unième, période marquée par des vagues d'insouciance et de déprime culturelle. Parfois il a un pincement au cœur quand il voit comment le présent était imaginé par les hommes du siècle précédent, généralement bien trop enthousiaste et optimistes quand a l'avenir et la nature humaine.

 Une froide soirée de janvier 2023, un cri retentit. C'était le cri d'un nouveau né de  cinquante six centimètres faisant ses trois kilogrammes et trois cent grammes sur la balance.    

Fils d'un professeur de mathématique et d'une chirurgienne, sa vie aurait pu sembler toute tracée: Consacrée aux sciences, il aurait pu finir professeur, médecin ou tout autre métier d'une filière scientifique. Mais pour son malheur futur, Lewis fut fasciné par les histoires de princesses et chevaliers, puis les écrits d'Alexandre Dumas avant de plus tard s'intéresser au manichéisme du deuxième conflit mondial, seul guerre ou l'ennemi était le Mal incarné. Il fallut cependant grandir pour comprendre que parmi ceux affrontant le Mal il y avait des soutiens d'une forme seulement différente de Mal ou que Dumas prenait de grandes libertés avec la réalité, particulièrement vis-à-vis du cardinal de Richelieu.

C'est en grandissant, justement, que cette fascination devint une passion alors qu'il ne cessait de lire les livres d'Histoires.  Et qui dit Histoire finit par dire Art. Il y eut la découverte de l'histoire des Monuments Men, ces hommes qui avaient risqué leur vie pour sauver l'Art de la barbarie, en regardant un de ces films du début du vingt et unième siècle dont il était friand. Et il y eu cette reproduction d'un tableau qui avait disparu avec toutes ses copies mais dont une reproduction se trouvait dans un obscure livre sur la noblesse française. Un tableau dont l'original avait été peint quelque part en France durant le dix septième siècle et dont la trace avait disparue... en Irlande.  

Le tableau était des plus simple, une belle et noble dame, assise un jour d'été. Cependant il y avait quelque chose, qu'il était alors incapable de définir mais qu'il pensait être de la douceur et de la tendresse, dans ses traits et son regard qui s'incrusta a jamais dans la mémoire du jeune adolescent.  

Passionné par l'Histoire et l'Art, doux et sensible, Lewis mena une bonne scolarité, ses résultats ne fluctuant que lorsque son cœur fondit pour une jeune rousse. Pendant une année, il oublia les cours comme le tableau dans la chevelure enflammée et les courbes délicates de la jeune fille qui s'était emparée de son cœur. Regards doux et complices en classe, ballades et cinémas main dans la main, recherche d'intimité dès que possible, Lewis découvrit les joies de l'Amour avec elle. Malheureusement les aléas de la vie les mena a une relation longue distance a laquelle ils mirent fin d'un commun accord, mais sans trop de conviction, leur faisant découvrir aussi les peines de cœur.    

Après cette grande passion, Lewis se plongea dans ses études et entra à l'université pour suivre son cursus. Il y trouva deux ou trois passades qui ne le passionnèrent jamais plus de quelques mois. C''est a ce moment là qu'il trouva des documents qui parlaient de la disparition des œuvres d'art durant la deuxième guerre mondiale.  

Étonnement toutes n'avaient pas disparues en Allemagne ou en terres occupées par le Reich. Un certain nombre avaient transité par l'Irlande entre 1942 et 1945... Pour ne jamais quitter l'Ile. Ou étaient-elles allées? Elles devaient encore être en Irlande puisque aucune n'était réapparue ailleurs. Et comment avaient-elles pu transiter entre le continent et l'Ile? Les papiers n'avaient pas la réponse et ce n'était pas sur les bancs de l'université que Lewis le saurait.    

Prenant sur ses vacances, le jeune étudiant partit pour l'endroit ou il perdait la trace de toutes les œuvres: River Crow.  La ville était fort différente de ce à quoi il s'attendait. Par ses livres, le jeune homme s'attendait a une belle ville médiévale qui jouait aux musées. Cependant les villes médiévales sont des lieux figés dans le temps mais qui ne sont pas mort, au contraire elles sont vivantes sous l'afflux de touristes et de marchands désireux de profiter de ces porte-monnaie bien moins timides qu'en temps normal. Pas River Crow. Une atmosphère pesante, inquiétante pesait sur la ville, comme si un conflit se déroulait a l'insu du monde extérieur. Un conflit que l'on entrevoyait par des regards fuyant et inquiets, des affiches ou tags qui étaient bien plus agressifs que les habituels messages politiques qu'on trouvait dans les villes non touristiques. Tout inspirait la prudence et la curiosité. Mais Lewis avait des questions et prenant son courage a deux mains, surmontant sa timidité, il se décida a les poser.

Cherchant a se montrer discret mais étudiant la ville pour préparer ses questions, il commis une erreur fatale: Il aperçu Jeanne de Beauregard et reconnu la belle et fascinante inconnue du tableau dont le regard exprimait dorénavant la force et une ferme autorité. Percer ce mystère devint prioritaire sur la disparition des tableaux, mais la curiosité peut mener a des sorts pires que la mort.  

Les sbires du maître des lieux, Léandre, remarquèrent Lewis et ses questions. Profitant du sommeil de celui-ci dans une petite chambre d'hôtel, ils s'attaquèrent a lui et l'étudiant surpris dans son sommeil n'avait naturellement aucun moyen d'empêcher sa capture. Vite réduit au silence et menotté, l'étudiant fut mené dans les cachots du manoir, ses effets personnels confisqués, en attendant de l'interroger pour savoir pourquoi il s'intéressait tant a Jeanne de Beauregard. Quoiqu'il arrive, il ne ressortirait jamais libre du manoir.